
Une crise politique entraîne toujours une perturbation dans les relations d’un pays avec ses bailleurs de fonds traditionnels. Et le plus dur sera de redresser la situation.
« Les résultats dans le cadre du programme appuyé par la FEC ont été globalement très satisfaisants, tous les critères de réalisation quantitatifs et objectifs indicatifs ayant été atteints à fin décembre 2017 ». C’est ce que reconnait notamment le Fonds Monétaire International (FMI) dans son rapport sur la Facilité Elargie de Crédit (FEC).
Encourageantes
Le même rapport d’ajouter que les perspectives macroéconomiques restent généralement encourageantes, même si la hausse des cours du pétrole pèse sur l’économie. En somme, le retour à la croissance économique continue à se dessiner. Mais tout risque de tomber à l’eau si avec les querelles actuelles sur les résultats de l’élection présidentielle, une nouvelle crise survient. En effet, une crise politique est toujours néfaste en ce qui concerne les relations d’un pays avec les bailleurs de fonds. Le FMI le reconnaît d’ailleurs dans son rapport en indiquant que l’incertitude politique liée aux élections présidentielles programmées pour fin 2018 complique l’application des réformes. Bref, dans le milieu des bailleurs de fonds, il est généralement admis que « les principaux risques qui pèsent sur l’assistance technique à venir sont liés à l’instabilité politique persistante ».
Vains
Une réflexion qui doit, en tout cas, interpeller les protagonistes politiques actuels pour qu’ils pensent avant tout aux intérêts supérieurs de la nation au lieu de se perdre dans des dissensions politiques stériles. Car autrement, les efforts réalisés ces dernières années auront été vains. Faut-il en effet rappeler que depuis la reprise officielle de la coopération avec le FMI en 2014, Madagascar a reçu une assistance technique soutenue. « Au départ, cette assistance technique soutenue se concentrait sur les domaines d’importance macroéconomique (ndlr : budget et politique monétaire) pour pérenniser la reprise économique et la réduction de la pauvreté, tout en préservant la stabilité macroéconomique. Des résultats positifs ont été obtenus sur plusieurs fronts : la marge de manœuvre budgétaire s’est élargie, la qualité des dépenses s’est améliorée et l’indépendance de la banque centrale s’est renforcée, favorisant une gestion plus harmonieuse des opérations monétaires ». Les responsables ont par la suite commencé à s’attaquer aux problèmes de gouvernance en adoptant trois lois qui dotent le pays de l’arsenal juridique nécessaire à la lutte contre la corruption, moyennant l’assistance technique du FMI et des partenaires au développement. Par ailleurs, des procédures pour améliorer la gestion des ressources publiques ont été mises en place. Notamment les contrats de performance, à l’aide de l’assistance technique toujours du FMI et d’autres partenaires. En outre, des mesures ont été prises en vue de réformer les entreprises publiques déficitaires et commencent à porter leurs fruits.
Compromis
En somme, et comme le reconnait le FMI, la République de Madagascar a continué ses progrès pour renforcer la stabilité macroéconomique, favoriser une croissance durable et inclusive, et réduire la pauvreté. « La reprise économique se poursuit malgré plusieurs chocs au cours de la dernière année et l’inflation reste sous contrôle. Les perspectives à moyen terme sont globalement favorables, avec une prévision de croissance économique solide, stimulée par l’augmentation prévue de l’investissement public et la hausse de l’activité du secteur privé. Notre situation extérieure demeure robuste et le risque de surendettement reste modéré selon les prévisions actuelles ». Dans le contexte de ces défis, le soutien financier et technique continu du FMI reste essentiel. Malheureusement, un tel soutien risque d’être compromis si une nouvelle crise aggrave, une fois de plus, l’instabilité politique qui a toujours été la principale source de nuisance pour le développement de Madagascar.
Recueillis par R.Edmond