Le constat est sans appel. La contestation, quelle que soit sa forme, n’est plus autorisée sur la place publique. Le pasteur Mailhol en a fait les frais le week-end dernier, son culte évangélique à Ambohijatovo ayant été interdit au dernier moment. Celui qui veut faire entendre sa différence dans le contexte actuel a été plutôt caustique lors de son passage à la télévision récemment et a certainement suscité la méfiance du pouvoir qui a perçu le danger de ses sermons. Le régime est en train d’empêcher les voix discordantes de se faire entendre. Cependant, il ne peut mettre aucun frein aux critiques bien étayées des associations et de certains leaders d’opinion.
Interdiction de toute contestation politique
L’attaque frontale du pasteur Mailhol lors de l’émission de Real TV a certainement éveillé la crainte du pouvoir. Il suscite d’autant plus la méfiance qu’il exerce une véritable emprise sur des dizaines de milliers de fidèles dans toute l’île. Il émet des idées politiques en se référant à la Bible. Dans le contexte social actuel, ses prêches pourraient rompre l’équilibre extrêmement fragile qui existe. Le pouvoir préfère donc prendre les devants, mais il le fait de manière arbitraire. Il suit aussi avec attention les déplacements de Marc Ravalomanana qui va à la rencontre de la population et qui en profite pour faire des interventions très pertinentes. Celui qui se proclame opposant principal a subi quelques intimidations de la part des pouvoirs publics, mais sans grande conséquence. L’opinion reste attentive aux tentatives d’entrave à la liberté d’expression de l’ancien président. Les médias se contentent de rapporter ce qu’il dit et qui mérite réflexion. Jusqu’à présent, sa conduite ne peut prêter le flanc à la critique. On a l’impression que le pouvoir est obligé de s’accommoder de cet opposant qui garde un immense prestige auprès d’une partie de la population. Le pouvoir a fort à faire avec la grogne qui existe en ce moment et il sait que la moindre étincelle peut provoquer une explosion sociale de grande ampleur.
Patrice RABE