Un nouveau sit-in devant la Haute Cour Constitutionnelle est également prévu ce jour.
« Une décision contraire aux principes démocratiques et à la Constitution qui prévoit l’égalité de tous devant la loi ». C’est ainsi que les députés pour le changement considèrent la décision du Conseil du gouvernement du 7 mai interdisant toute manifestation dans les provinces. Selon le rapport du Conseil du gouvernement, « Il a été réitéré que, des consignes fermes ont déjà été données aux diverses autorités des Provinces pour interdire toute manifestation politique sur la voie publique ». Une décision qui fait certainement suite à l’ « Instruction permanente » émise le 27 avril dernier par le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana qui a interpellé les responsables des collectivités déconcentrées par rapport aux réunions publiques et manifestations sur la voie publique. La question est donc de savoir si le gouvernement considère la population des provinces comme des personnes de seconde zone. L’article 6, alinéa 2 de la Constitution prévoit pourtant que « Tous les individus sont égaux en droit et jouissent des mêmes libertés fondamentales protégées par la loi sans discrimination fondée sur le sexe, le degré d’instruction, la fortune, l’origine, la croyance religieuse ou l’opinion ». Face à cette mesure, les 73 députés pour le changement décident de riposter. Ils vont déposer une requête en annulation et aux fins de sursis à exécution devant le Conseil d’Etat ce jour pour attaquer cette décision gouvernementale.
Sit-in. En effet, les partisans de l’opposition vont se donner rendez-vous à Anosy ce matin à 10h dans le cadre de cette démarche. Le « diabe » qui débutera dès 8h30 au niveau de six sites dans les six arrondissements d’Antananarivo va se terminer devant le tribunal d’Anosy. Après ce dépôt de requête, les manifestants rejoindront la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) à Ambohidahy où, un nouveau sit-in est prévu. Bon nombre d’observateurs estiment qu’une énième humiliation du régime HVM devant la Justice n’est pas à écarter. Faut-il rappeler que le 30 mars dernier, le Tribunal administratif de Mahajanga a ordonné le sursis à exécution de la décision d’interdiction de la manifestation des partisans du « Miaraka Amin’i Prezida Andry Rajoelina » prise par le représentant de l’Etat, en la personne du Préfet de la Cité des fleurs qui a tout fait pour empêcher la venue de l’ancien président de la Transition Andry Rajoelina.
Amnesty International. Dans un communiqué publié le 9 mai, Deprose Muchena, Directeur du Bureau d’Amnesty International en charge de l’Afrique Australe, a dénoncé cette décision du gouvernement malgache d’interdire les manifestations dans les provinces. « L’interdiction des manifestations publiques imposée par le gouvernement malgache ne doit pas être utilisée pour cibler des manifestants ni pour ériger en infraction, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression. Les autorités malgaches doivent respecter leurs obligations nationales et internationales de créer un environnement dans lequel, les manifestants peuvent exercer leurs droits fondamentaux », rappelle le responsable d’Amnesty International. Et d’interpeller également l’opposition par rapport au respect de la liberté d’expression. « Les personnes qui choisissent de ne pas participer aux manifestations contre le gouvernement, comme les élèves qui auraient été expulsés de force de leurs salles de classes pour manifester, ne doivent pas subir d’intimidation ni de harcèlement ». En tout cas, l’on s’achemine vers une logique de l’affrontement. Le régime HVM prévoit le retour au recours à la force par l’intermédiaire des forces de l’ordre. De leur côté, les 73 députés pour le changement refusent de faire machine arrière dans leur démarche visant à réclamer la démission du président Hery Rajaonarimampianina. A suivre.
Davis R