Dans la capitale, plusieurs taxis-be ont été attaqués ces derniers jours. Les ravisseurs ne reculent devant rien, utilisant du gaz lacrymogène et de l’acide pour venir à leurs fins. La situation est intolérable et ne peut perdurer, il en va de la sécurité de tous les usagers. Lita Rabetsara, Président National de Défense des consommateurs, nous livre son avis sur la situation.
Midi Madagasikara (M.M) : Quel est le rapport entre votre réseau et les taxis-be ?
Lita Rabetsara (L.T) : Le taxi-be est un service, le passager paye un ticket, ce qui lui garantit un certain nombre de droits comme un confort minimum, une sécurité et une certaine qualité de service. Or, la majorité de ces droits sont bafoués et pas du tout respectés, c’est là que nous intervenons. Nous voulons protéger l’usager de taxi-be. Nous voulons mettre en place, ici à Antananarivo, l’association des Taxis-be. A chaque primus, nous voulons travailler avec les consommateurs, usagers, et les chefs fokontany, afin de nous organiser et de défendre leurs droits.
M.M : Quels sont les principaux problèmes de ces taxis-be ?
L.T : Il y a un problème de confort, les sièges pour les passagers sont souvent en piteux état. Ils peuvent déchirer les vêtements et blesser les utilisateurs. La sécurité est un second problème, les taxis-be font souvent la course pour arriver les premiers à l’arrêt suivant, afin de ramasser un maximum de clients. C’est d’ailleurs, les transports publics qui sont toujours à l’origine des accidents mortels. Les tarifs ne sont pas non plus équitables, on paye toujours le même prix, que l’on fasse un, deux ou trois arrêts. Mais le plus grand problème est qu’on n’est jamais à l’abri d’une agression. Les receveurs connaissent tous les malfaiteurs de la capitale. Ils n’hésitent pas à laisser rentrer des pickpockets dans les bus. La nuit tombée, ils partagent le butin.
M.M : Recevez-vous souvent des plaintes ?
L.T : Tous les jours, je reçois des coups de téléphone de personnes mécontentes des taxis-be. Mais souvent, ils ne portent pas plainte, ils ne font que téléphoner. Il faut s’organiser, manifester. Nous l’avons déjà fait l’année dernière lorsque deux enfants avaient été tués car le chauffeur roulait trop vite, mais les médias ne savent pas toujours couvrir ce genre d’événements. Nous avons du mal à véhiculer notre message. Un second problème est l’action consumériste. Les gens doivent être conscients qu’en tant que consommateur, ils doivent être satisfaits sur tout ce qu’ils ont payé. Ils ont le droit de revendiquer, de faire une action citoyenne pour défendre leurs droits. Nous sommes occupés à lancer la notion de consumérisme.
M.M : Comment peut-on améliorer la sécurité, avez-vous des solutions ?
L.T : Il faut professionnaliser les employés des transports. Il existe aussi une solution technologique c’est d’insérer obligatoirement un GPS dans un taxi-be. Cela ne coûte même pas 800 0000 ariary par an. On pourrait ainsi vérifier où est-ce que le chauffeur est allé, vérifier leur vitesse, le nombre de leurs passagers. C’est un investissement pour le propriétaire du taxi-be car il pourrait tout vérifier. On peut aussi mettre un bouton d’urgence qui pourrait directement contacter la police. Car il y a des policiers dans la ville mais ils ne sont pas courant des agressions. Dans tous les cas, le gouvernement doit réagir, sinon le problème risque de s’amplifier.
Propos recueillis par Stéphane PIERRARD (stagiaire)