Interview de Rasolo André : « La psychose de coup d’Etat est un obstacle à toute manifestation publique d’opinion »

Midi : Comment aviez-vous vu le 1^er mai ?

Rasolo André : « Jadis, le 1^er mai, fête du travail, était une belle fête à Madagascar. Des femmes et des hommes fiers de faire tourner nos ministères et nos entreprises, organisaient librement des marches de démonstration de leur vitalité. Mais depuis un certain temps, par souci maladif, justifié ou non, de débordements des mouvements de rue, le 1^er mai est réduit à un simple jour chômé où les travailleurs ne peuvent extérioriser leurs joies et leurs revendications ».

Midi : Votre avis sur la fermeture de la Place de la Démocratie

R.A. : « Ouverte sous la Transition en 2009, la Place de la Démocratie a été paradoxalement fermée par les Autorités de la Transition elles-mêmes. Jusqu’à présent, cette place n’a jamais été ouverte à la libre manifestation des opinions contradictoires, de peur que des débordements aillent jusqu’à un coup d’État de la rue ».

Midi : Mais finalement il n’y a pas eu de débordement

R.A. : « Cette psychose de coup d’État devient un obstacle sérieux à toute manifestation publique d’opinion. Aujourd’hui, un signe d’ouverture est amorcé avec la célébration du 1^er mai de 2016. Ce signe devrait être traduit par la mise en place d’une une structure pérenne de large concertation et de dialogue social. Le 1^er mai, les syndicats et travailleurs ont unanimement dénoncé la corruption. Même si le pouvoir y trouve des manœuvres de déstabilisation, il a le devoir de les écouter. Le droit de vivre en toute liberté n’est pas réservé aux détenteurs des appareils d’État, ni aux leaders d’opinion, mais à chacun d’entre nous. Le dialogue social ouvre un espace de liberté où toutes les forces vives doivent pouvoir s’exprimer, se faire entendre et agir conformément à la loi. »

Midi : Quid de la stabilité ?

R.A. : « La stabilité politique passe non seulement par le bon fonctionnement des Institutions, mais aussi par l’écoute et le respect des travailleurs, des paysans, des citoyens de ce pays. Inculquer une nouvelle culture d’un vivre ensemble qui respecte la différence, constitue la meilleure garantie de la stabilité politique ».

Propos recueillis par R.O