
Elle est peu connue du grand public, cependant elle s’est toujours trouvée dans l’antichambre des grands succès du rap malgache. Laureen Roona raconte son parcours.
A entendre Sabrina Laureen Randrianarivelo née à Androna Mandritsara, Laureen Roona pour le micro, le rap est une culture d’adaptation. Une pérégrination de la jeunesse depuis l’enfance, à travers la famille, l’école, les ami(e)s… Grâce au rap, elle a pu affirmer sa personnalité, raconter son vécu d’Antananarivo jusqu’à Toamasina. Elle est actuellement basée dans le Grand Port. A en croire ses débuts, elle fait partie de l’ancienne génération ’90 à 2000, celle que le « boom-bap » a fiévreusement bercée. Elle fait partie de cette génération qui se vouait aux textes, au message… Elle s’est accordée quelques minutes pour répondre à des questions sur son parcours et sa relation avec le rap. Les noms qu’elle cite rappellent une autre époque, une autre vision du rap.
Qui vous a initiée à cette musique ?
En fait, c’est mon grand frère qui m’a initiée à cette musique, il était un rappeur depuis bien avant. Il se nomme Gena’tha pour la scène. Ensuite, mon cousin n’est autre que Shao Boana. Ce sont eux qui ont fait en quelque sorte que j’ai aimé le rap. Durant mon enfance, c’est ce genre musical qui était le plus présent. Ensuite, mon grand frère, Gena’tha, présentait une émission radiophonique sur une station tananarivienne, avec le chanteur de 18.3, Slam Jah… Les chansons ne manquaient pas à la maison. Question écoute et explication de textes, j’avais des aînés pour me guider. Dès que je n’avais pas cours, j’accourrai au studio d’enregistrement pour les retrouver, Shao Boana, le groupe Makoa… J’essayai toujours d’être présente à leurs concerts.
Vous avez ensuite sauté le pas…
Dans le label Makoa, j’ai fait la connaissance de Mc Krotal, un Réunionnais, vers 2002. Il était plutôt orienté reggae, alors j’ai pu devenir son choriste… Monter sur scène avec lui pour chanter également. Je me souviens également de mes années CEG, j’étais dans le même établissement que Rawest, rappeuse de Kilowatt. A l’époque, avec des instrus, nous commencions à rapper. Alors, nous avons fait la connaissance de Rapa, un aîné. A Besarety, nous commencions à nous exercer au freestyle, à l’écriture. Ensuite, j’ai débarqué à Toamasina.
Le Grand Port est en train de devenir la Mecque de la musique urbaine, comment le ressentez-vous là-bas ?
Ici à Toamasina, la musique urbaine monte en flèche. Il ne faut pas oublier que le rap est un genre à texte, ça bouge… Alors, c’est facile pour les jeunes de recevoir le message. Il s’agit également d’une culture, depuis quelques temps, les concerts de rap se multiplient. Quelque part, c’est aussi pour divertir les jeunes.
Vous avez des aînés comme Kaiamba, des références. Comment se passe la cohabitation avec la génération de la musique urbaine ?
Ce sont des références bien sûr. Les Kaiamba ont déjà porté haut le nom de Toamasina. Leur aura reste encore jusqu’à maintenant. En fait, ils ne rejettent pas la culture urbaine au contraire, il y a de l’entraide. Je me souviens du groupe Jupa et Bango, il a chanté un morceau avec les Kaiamba. Cela a été bien perçu. Aujourd’hui, les gars de Toamasina arrivent à s’imposer sur la scène internationale. Il y a du talent ici, mais encore peu connu.
Comment vous êtes-vous organisée à Toamasina ?
Ici à Toamasina, j’ai d’abord intégré le groupe Ldm Crew. J’ai réussi à sortir quelques titres. J’ai été épaulée par de grosses pointures comme Maboto Tilahy, Tiganagar, Big Jim Da… J’ai aussi fait partie du groupe underground mené par Rabest. Bien plus tard, j’ai collaboré avec Real Fuck’n Tamaga, ce sont eux qui me produisent depuis. Et c’est actuellement que je partage pour la première fois mes titres sur les réseaux sociaux. Un album est né en 2017, « The message » ; j’avais tellement de chose à dire. Je prépare mon deuxième album en ce moment.
Maminirina Rado