
Depuis dix ans, le « Sehatra bà gasy », genre de mouvement artistique, remet en premières lignes le « bà gasy ». Il s’agit d’un style musical fait de rencontre de cultures, d’adaptation et d’assimilation dans les extrêmes. Tantely Ramaromiantso évoque cette culture faisant le grand écart entre le passé et la modernité.
Quels sont vos objectifs avec « Sehatra bà gasy » ?
Notre objectif est de faire vivre aux Malgaches la culture « bà gasy ». C’est une autre manière de voir qu’elle est spécifiquement « Merina ». Mais, quand on approfondit, on s’aperçoit que tous les rythmes malgaches sont du « bà gasy ». A l’instar de notre langue qui possède des variantes. Il y a des points communs et des différences entre les régions. A Madagascar, tout le monde utilise de la « valiha », de la guitare… Mais, il y a aussi des variantes selon les régions.
Il y a plusieurs influences retrouvées dans le « bà gasy », qu’en est-il ?
C’est vrai qu’il y a des points communs avec les musiques étrangères. Il faut tout de même bien définir les différences. Par exemple, les gens reconnaissent le « bà gasy » comme inscrit dans le rythme cinq plus sept. Pourtant celui-ci n’existe pas uniquement qu’à Madagascar mais à travers le monde.
Quand je dis que le « bà gasy » se retrouve dans la dynamique culturelle nationale, cela signifie que si un musicien local joue du piano, de la guitare, du synthétiseur… celui-ci y retrouve l’âme identitaire malgache même si ces instruments ne sont pas d’origine malgache.
L’« âme identitaire malgache », pouvez-vous développer ?
Cette notion est la raison de la création de « Sehatra bà gasy », ce concept ne peut pas être compris au premier abord parce que cela dépend du niveau intellectuel et culturel de chacun. Cela fait maintenant dix ans que nous essayons de la transmettre, les uns comprennent d’autres non. Dans le domaine de l’art, il y a un livre « Ainga sy antso », écrit par une association d’étudiants malgaches installés à l’étranger, dont le professeur Ratsimamanga. Ils ont défini le concept de musique, à travers une vision malgache. Ce n’est pas une seule personne qui a délimité le « bà gasy », mais beaucoup de Malgaches d’ici et d’ailleurs à travers le monde.
Quelle est la différence entre chant théâtral et « bà gasy » ?
La chanson théâtrale est consacrée au théâtre, les Justin Rajoro, Andrianary Ratianarivo et Naka Rabemanantsoa ont été les précurseurs de ce genre. Par contre, Naly Rakotofiringa était pour les galas de chants. Pour faire court, le « bà gasy » est le produit du mixage de trois genres. Le « hiragasy » ou « hiratsangana », les cantiques religieux emmenés par les missionnaires chrétiens à travers les tableaux vivants et les chants de théâtre français.
Qu’est-ce qui se passera ce jour, au « Sehatra bà gasy » à l’Ikm Antsahavola ?
Nous allons inviter Henri Ratsimbazafy à l’Ikm Antsahavola, à partir de 15 h en tant qu’auteur-compositeur. Il va partager ses connaissances musicales, il parlera de ses expériences, de son parcours… Il répondra aux questions de l’assistance, ensuite tout le monde pourra chanter avec lui si quelqu’un en a envie.
, c’est selon.
Recueillis par Maminirina Rado