43,9 millions USD sont nécessaires pour financer le Programme de réponse à l’invasion acridienne 2013-2016. En fin novembre 2013, un tiers de ce budget restait encore à réunir. Au début de ce mois, les criquets sexuellement matures et en phase solitaire ont déjà atteint la Région Sofia. Les menaces persistent.
L’invasion acridienne qui a débuté en avril 2012 est d’une gravité extrême et menace les moyens d’existence de 60% de la population malgache, soit 13 millions de personnes, dont 4 millions sont déjà répertoriées victimes du fléau qui sévit. Les dégâts sont perceptibles dans le secteur de l’agriculture de subsistance déjà très fragile, et pourraient avoir des conséquences à long terme sur le niveau de vulnérabilité des ménages agricoles, d’après la FAO. En effet, une première campagne du programme triennal de lutte antiacridienne (2013-2016) a été lancée pour limiter tout dégât aux cultures. « Ce Programme triennal vise à son issue une rémission, c’est-à-dire où seules les populations acridiennes en phase solitaire sont présentes dans l’aire grégarigène : leur habitat permanent dans le Sud-ouest de Madagascar. Depuis février 2013, une Cellule de veille travaille avec les techniciens du ministère de l’Agriculture pour le suivi et l’analyse des situations acridiennes. Cette équipe a été mise en place grâce à un fonds d’urgence de la FAO. Par ailleurs, on poursuit la triangulation et l’achat de pesticide. En ce qui concerne les véhicules et les équipements pour les opérations de prospection et de lutte, l’acquisition est presque achevée. La campagne est aujourd’hui en cours de réalisation suivant le calendrier prévisionnel établi. Nous poursuivons les efforts d’appel à contribution pour réunir la totalité du budget estimé à 43,39 millions USD, sous réserve de conditions stables du marché des produits, des ressources et des matériels nécessaires. En fin novembre dernier, les deux tiers de ce budget ont été réunis », ont informé les responsables auprès de la FAO.
Crise acridienne. La gravité de l’invasion acridienne dépasse déjà les capacités nationales. L’année dernière, le Gouvernement malgache a adressé une requête d’assistance sollicitant un appui technique et financier visant à mobiliser les ressources nécessaires auprès des partenaires. Pour cette première année de campagne de lutte antiacridienne lancée le 20 septembre 2013, dans le cadre du Programme triennal, l’Autriche, la Belgique, le CERF, la France, l’Italie, la Norvège, l’Union Européenne et l’USAID, et la Banque Mondiale à travers le Gouvernement malgache, ont contribué au financement à travers des dons, des subventions et des prêts. En outre, l’Algérie, le Maroc, et la Mauritanie ont fait don de pesticides. Actuellement, deux bases aériennes installées à Ihosy, région Ihorombe et à Miandrivazo, région Menabe, sont opérationnelles, et effectuent les nécessaires opérations de prospection et de lutte.
Santé et environnement. Un Plan de gestion sanitaire et environnemental (PGSE) sera mis en œuvre pour la campagne 2013-2014 et au-delà, selon la FAO. « L’actuelle invasion de Criquet migrateur malgache fait suite à trois années de recrudescence non enrayée faute de moyens suffisants. Néanmoins, ce défaut de financement n’a pas empêché la FAO de conduire des opérations de lutte dans le respect de la santé humaine et de l’environnement. Pour renforcer cet aspect que le PGSE a été élaboré. Il a été établi pour prendre en compte les préoccupations sanitaires et environnementales associées à l’usage des insecticides, qui répondent déjà aux exigences et aux normes internationales, et permettre de répondre rapidement à tout incident pouvant surgir lors de l’exécution du Programme », ont noté les responsables. De leur côté, les victimes des invasions acridiennes, dont certaines ont perdu cette année jusqu’à 80% de leurs récoltes, s’inquiètent beaucoup plus sur leurs activités et croisent les doigts pour une maitrise de la situation en 2014.
Antsa R.