
Le secteur minier est très actif dans le développement socioéconomique de Madagascar. Mais la situation n’est actuellement pas reluisante, notamment pour les grands investissements miniers qui rencontrent un certain nombre de blocages.
Ambatovy qui peine à retrouver ses activités normales en raison de la crise sanitaire, Base Toliara qui risque tout simplement de tomber à l’eau depuis que la Cour des comptes a sorti un audit qui lui est défavorable, les grands investissements miniers mais aussi les petites mines ne sont pas dans leur meilleure forme actuellement.
Rôle de premier ordre
Une contre-performance qui, malheureusement, risque de jouer en défaveur de la relance économique en ce début de période de post-Covid. Car qu’on le veuille ou non, l’industrie extractive joue un rôle de premier ordre dans l’économie de Madagascar. D’après les statistiques, les mines ont contribué, entre 2018 et 2018, à plus de 3 milliards de dollars d’achat local avec un peu moins de 2 000 entreprises locales comme fournisseurs. Le secteur a contribué, en termes de recettes fiscales, à plus de 1 100 milliards d’ariary d’impôts et taxes et a généré 33 000 milliards d’ariary d’investissements directs étrangers entre 2011 et 2018. D’après un rapport de l’EITI, l’industrie extractive a contribué à hauteur de 742,6 milliards d’ariary dans le PIB de Madagascar en 2017. Pour un total de 8 929,50 milliards d’ariary d’exportations malgaches en 2017, le secteur extractif a apporté 2 243,35 milliards d’ariary, représentant 25% du total. Des chiffres qui démontrent, en tout cas, l’importance économique du secteur.
Importante contribution
Pris individuellement, les grands investissements miniers ont démontré leur importante contribution économique. Pour ne prendre que le cas d’Ambatovy qui s’approvisionne auprès de plus de 850 PMME dans 40 secteurs, ou encore des dizaines de milliers d’heures de formation technique en comptabilité, gestion de projet, leadership, contrôle de la qualité, administration de contrats, passation de marchés, approvisionnement, environnement, santé et sécurité, relations entre le patronat et les employés et en gestion du changement et développement… Pour Base Toliara, l’avenir se présente également sous de belles perspectives, avec notamment ses 560 millions de dollars d’investissements, ses 4 000 emplois directs et indirects, ses 43 millions de dollars d’impôts lors de la phase d’installation des infrastructures, ses 35 millions de dollars par an de ristournes.
Cotée en bourse
Des retombées positives, en somme, mais qui risquent de ne pas se traduire en réalité en raison du blocage que pourrait provoquer cet audit de la Cour des comptes. Certains observateurs estiment que si cet audit mène à une suspension définitive du projet, le pays risque de gros problèmes. Outre la perte des avantages attendus, il y a un autre risque car les investisseurs internationaux de la taille de Base Toliara, une société cotée en bourse, ne se laisseront pas faire et réclameront, probablement en justice, les dépenses d’investissements qu’ils ont consenties. Sans compter, bien évidemment, le fait que la remise en question de ce projet risque de porter, une fois de plus, atteinte à la crédibilité de Madagascar en tant que destination des investissements. En somme, et comme le suggèrent certains observateurs, l’Etat et Base Toliara devraient trouver un terrain d’entente pour ne pas compromettre définitivement le projet.
R.Edmond