Le Secrétaire général du Grad Iloafo, Hery Rakotobe rompt le silence. Il estime devant la délicatesse actuelle de la situation qu’il importe de retrouver la stabilité et donner ses chances au président élu démocratiquement. Le Grad reste néanmoins vigilant. Interview
Midi : Comment voyez-vous la situation actuelle ?
H.R : La situation actuelle est assez complexe, et c’est tout à fait normale après une longue période de crise pendant laquelle la dégradation de nos valeurs socioculturelles s’était beaucoup aggravée et la déliquescence de l’administration a fait régresser l’autorité de l’Etat. L’œuvre de redressement économique et sociale nécessite un temps suffisant, ni trop court ni trop long, et exige un effort de la part de tout un chacun. L’impatience fait rage et les revendications sont parfois instrumentalisées à des fins politiques. Et pourtant, nous devrons encore faire preuve de patience et essayer de redonner confiance à nos dirigeants parce que nous n’avons pas intérêt à revenir en arrière et prendre le risque de nous retrouver dans une nouvelle crise. Comme vous le savez, ce sont les crises cycliques qui sont les premières causes de la pauvreté à Madagascar. Ce qui nous importe c’est de retrouver une stabilité politique à long terme d’au moins une vingtaine ou trentaine d’années pour assurer un développement pérenne. Seule une croissance économique soutenue et durable avec une répartition équitable pourrait nous faire espérer de retrouver plus tard une société où il fait bon vivre.
Midi : Selon vous, qui a intérêt à ce que la situation se détériore et comment se fait-il que nos dirigeants peinent à gouverner correctement ?
H.R : Il est évident que cette situation contrastée fait l’affaire de ceux qui ont hâte de se retrouver assez rapidement au sommet de l’Etat. Je le redis encore, le redressement demande du temps et ce n’est pas du jour au lendemain que les choses vont changer. Nous avons un président élu démocratiquement, laissons-le travailler avec son équipe pour réaliser son programme, c’est la règle de la démocratie. S’il le faut, donnons-lui la main. Le développement requiert une stabilité sans laquelle tout investissement est illusoire. Il semble que le Plan National de Développement est en cours de finalisation. La confiance et la solidarité sont nécessaires si nous voulons sortir notre pays dans cet état d’extrême pauvreté dans laquelle la majorité de nos concitoyens s’embourbe depuis des décennies. Nous devrons nous comporter comme des citoyens responsables. Cela n’empêche pas aux opposants d’agir mais que cela se fasse dans le respect de la démocratie et de l’Etat de droit.
Midi : Votre slogan est « la pauvreté n’est pas une fatalité ». Où en est le Grad actuellement par rapport à ce slogan et quelles sont vos actions politiques dans les prochains mois à venir ?
H.R : Le Grad continue toujours ses actions politiques. Actuellement, nous sommes en train de sensibiliser nos membres à se préparer en vue des prochaines élections municipales. En tant que groupe de réflexion, nous n’arrêtons pas de nous concerter avec d’autres partis que nous estimons être des forces positives pour aller vers la voie du développement. A l’instar de ce que nous avions effectué au sein de l’Escopol, la concertation et le dialogue avec les parties prenantes nous ont permis de trouver la voie pour une véritable solution de sortie de crise. Le chemin du développement est semé d’embûches. Nous devrions être vigilants. Le Grad n’arrête pas de revendiquer que le respect de la démocratie et de l’Etat de droit, la confiance, la transparence et la bonne gouvernance, ainsi que la stabilité et la redevabilité soient parmi les conditions sine qua non pour lutter efficacement contre la pauvreté. Notre pays regorge de potentialités et d’énormes richesses. Il n’appartient qu’à nous Malgaches d’être solidaires et de faire des efforts nécessaires pour dépasser nos clivages et faire de nos diversités une richesse et/ou une force pour vaincre la pauvreté à Madagascar.
Recueillis par Z.R