
Le régime est non seulement confronté à un vaste chantier de reconstruction post-Batsirai, mais fait face également à la turbulence qui secoue fort la majorité déjà minée par les luttes intestines.
Le député du 4ème arrondissement, Paul Bert Rahasimanana alias Rossy, lui qui n’a parfois pas la langue dans sa poche, est encore monté au créneau pour aborder un sujet qui n’augure pas l’embellie au sein de la troupe présidentielle. Il a tiré à boulet rouge sur le secrétaire général du ministère des Ressources stratégiques, Andry Andriatongarivo, qui s’est invité, la semaine dernière, dans le débat concernant l’avenir de l’OMDA ou l’Office malgache des droits d’auteurs. Cette chasse-gardée des artistes a été décapitée par le ministère de la Culture et de la Communication, dirigé par Lalatiana Andriatongarivo, et a attiré la foudre des artistes. Les points de vue de l’artiste Rossy et du mari du ministre de la Culture divergent sur le sujet et les deux interlocuteurs finissent par se chamailler sur la toile. Le débat tourne au vinaigre pour prendre une tournure politique qui laisse transparaître une tension qui gagne du terrain dans le camp présidentiel. « Il y a des gens qui se permettent de parler au nom du président de la République mais ne visent que les collègues », a affirmé le député du 4ème arrondissement.
Opposition. Rossy est remonté contre ce membre influent du camp présidentiel. « J’invite le président de la République à faire le ménage dans son entourage », a déclaré la grande gueule du Mapar. Et « ne me cherche pas », s’est-il adressé à Andry Andriatongarivo, qui selon Rossy, a « menacé de balancer des dossiers compromettants » à son sujet. Et, visiblement, le député IRD a du mal à digérer les faits et gestes d’Andry Andriatongarivo du parti Freedom à son égard. Rien ne va plus donc entre les deux membres de l’équipage présidentiel. Après la conversation houleuse sur le réseau social Facebook, Paul Bert Rahasimanana n’a pas lâché du lest à la télé en vilipendant Andry Andriatongarivo, mari de la ministre de la Communication et de la Culture. Rossy qui s’est saigné aux quatre veines pour soutenir Andry Rajoelina veut alors que le président de la République nettoie son écurie d’Augias au risque de « nous pousser vers le camp de l’opposition ». Pour Paul Bert Rahasimanana, l’ambiance dans la barque est suffocante. Et ce n’est pas la première fois que ce député du 4ème arrondissement a soulevé un tel sujet en public. Mais vendredi dernier, son ton était de plus en plus ferme.
Téléphérique. À l’Assemblée nationale, les passes d’armes entre le député IRD d’Ikongo, Jean Brunelle Razafintsiandraofa, et le président de son groupe parlementaire, Paul Bert Velontsara, ont aussi fait jaser. La position du vice-président de l’Assemblée nationale sur le projet téléphérique n’est pas du tout du goût de ses collègues. En fait, Jean Brunelle Razafintsiandraofa a remis en cause la priorisation portée sur le projet téléphérique dans un contexte où plusieurs districts se trouvent actuellement sinistrés à cause de l’enclavement et le mauvais état des routes. Pour le député d’Ikongo, dont la circonscription vient de payer un lourd tribut après le passage de Batsirai, il est plus qu’urgent de construire d’autres infrastructures comme les routes dans les régions enclavées comme le district d’Ikongo. Mais ses collègues à l’Assemblée nationale voient d’un mauvais œil ce point de vue de Jean Brunelle Razafintsiandraofa qui risque d’alimenter la polémique déjà à son comble concernant le projet Téléphérique à Antananarivo.
Critiques. Paul Bert Velontsara, président du groupe parlementaire IRD à l’Assemblée nationale, et Lanto Rakotomanga, élue IRD dans le 2ème arrondissement, tous des soutiens irréductibles du président de la République, montent au créneau pour cracher leur venin sur le vice-président de la Chambre basse. « Les propos de Jean Brunelle Razafintsiandraofa sont inadmissibles » pour un partisan du président de la République, a affirmé Paul Bert Velontsara. Ce dernier exhorte ainsi la cheffe de la Chambre basse à emboîter le pas. « Des mesures seront prises à l’encontre du vice-président de l’Assemblée nationale » a, en tout cas, assuré le président du groupe parlementaire IRD. Il est même allé jusqu’à critiquer le bilan de Jean Brunelle Razafintsiandraofa lorsque ce dernier a occupé le poste de ministre du Tourisme. « Il a déjà occupé un poste au sein de l’Exécutif mais je n’ai pas trouvé grand chose à son compte », a lancé Paul Bert Velontsara. Le député d’Ikongo est-il donc poussé vers la sortie au sein de l’équipage présidentiel ? Il n’est pas à sa première discorde avec son propre camp si l’on rappelle l’affaire du découpage territorial dans le cadre de la création de la 23ème région de Vatovavy.
Rija R.