Un livre regroupant les poèmes de Jacques Rabemananjara vient tout juste d’être publié à Madagascar. Ce recueil de poèmes est assez particulier et constitue un patrimoine culturel malgache.
Le nom de Jacques Rabemananjara est connu de la majeure partie des Malgaches. Cependant, les informations précises sur ce poète francophone, homme politique emprisonné entre 1947 et 1956, devenu ministre entre 1960 et 1972, restent floues. Par ailleurs, son œuvre littéraire n’est pas lue, en réalité.
C’est pour pallier ces manques « qui empêchent les Malgaches de développer une réflexion lucide sur leurs grands hommes du passé et donc des perspectives d’avenir du pays » que Dominique Ranaivoson, une enseignante-chercheure en littérature franco-malgache à l’Université de Lorraine et chargée de cours dans un institut privé de la capitale, a publié en 2015 la biographie de Jacques Rabemananjara. Elle a également organisé un colloque international et interdisciplinaire sur la Mémoire des origines et construction mémorielle sur l’exemple de Jacques Rabemananjara à Tamatave en 2018.
Elle présente actuellement une réédition de l’œuvre poétique complète de ce poète, qu’elle a regroupée dans un livre. Cette œuvre a été publiée, pour la première fois en France, aux éditions Sépia avec le soutien de son université en 2022. Elle a fait l’objet d’une édition spéciale pour Madagascar aux Éditions Mpariaka Boky, grâce au soutien du Fonds Yavarhoussen, une plate-forme de soutien de l’art et de la culture à Madagascar.
Il s’agit d’une édition critique, qui rapporte fidèlement tous les recueils de poèmes de l’auteur dans leur ordre chronologique et qui sont accompagnés d’introduction, d’annotations et d’un glossaire permettant de mieux comprendre le contexte et les messages que l’auteur souhaitait transmettre.
En effet, « cette œuvre poétique ne peut se lire comme un simple poème puisqu’il s’agit d’une œuvre codée, où Jacques Rabemananjara faisait beaucoup d’allusions et de sous-entendus. Des allusions à la politique française de l’époque, à l’insurrection, à ses collaborateurs Ravoahangy et Raseta qu’il ne citait jamais mais dont il parlait, en empruntant des symboles empruntés à la culture malgache, à la bible et à la mythologie grecque et latine », explique Dominique Ranaivoson.
C’est en faisant des recherches sur son parcours, sur son œuvre, sur le contexte dans lequel il a écrit chaque poème que Dominique Ranaivoson a compris que la poésie a servi à revendiquer son identité sociale, politique et son identité d’écrivain, à Jacques Rabemananjara. Son œuvre fait indéniablement partie du patrimoine culturel de Madagascar, selon elle.
Cette enseignante-chercheure a voulu, dans sa démarche, faire connaître les écrivains du passé et du présent. Ce sont certes, des individus qui publient des écrits personnels, mais qui sont aussi des membres de la société malgache, qui sont imprégnés de la culture de cette société, étant le fruit de l’histoire de cette société. Cette réflexion l’a amenée à publier régulièrement, tous les ans ou tous les 2 ans, un livre sur Madagascar. Elle a déjà publié de nombreux ouvrages et articles sur Dox, Raharimanana, Esther Nirina, David Jaomanoro. Elle procède actuellement à la diffusion de ce livre sur l’œuvre poétique de Jacques Rabemananjara dans la capitale jusqu’au 18 mai.
Hanitra Andria