

C’est une perte immense pour le jazz malgache. Désiré Razafindrazaka s’en est allé rejoindre à jamais les immortels de l’art national dans la nuit de lundi. Mais au-delà de la musique, il avait d’autres attributions.
Désiré Razafindrazaka, l’homme aux multiples casquettes, est décédé dans la soirée du 19 avril à 59 ans. Les causes de sa disparition n’ont pas été annoncées, sa famille voulant probablement opter pour la discrétion dans ce malheur qui la frappe. Connu pour son amour du jazz, Désiré Razafindrazaka était encore président du comité d’organisation du festival international Madajazzcar avant son décès. Deux ans de coronavirus, durant lesquels, le festival a dû composer avec le contexte sanitaire. La plupart des Malgaches, surtout des Tananariviens, se souviendront probablement de lui à travers cet évènement majeur.
En plus de son statut de chef de file de l’un des plus grands festivals de la Grande Île, Désiré Razafindrazaka était un ardent défenseur du patrimoine malgache. C’est grâce à lui que l’association « Amis du Patrimoine de Madagascar » a pu être entendu à travers les débats nationaux à propos des enjeux autour des biens culturels immatériels et matériels. Bon nombre d’étudiants de l’université d’Antananarivo sont aussi passés par ses cours. Il enseignait, notamment, la psychologie sociale. « Un jour, il m’a dit, des fois, il faut un peu oublier les grandes théories, va sur le terrain et renforce ta culture générale », se souvient un ancien étudiant de la faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’université d’Ambohitsaina.
Il était aussi aux manettes de l’Afrobaromètre à Madagascar. Une structure panafricaine qui établissait des statistiques politiques et socio-économiques du pays. Ce qui l’a amené à intervenir dans des colloques ou des conférences sur la situation de la Grande Île. Il avait donc plusieurs cordes à son arc. Il serait quelque peu égoïste pour le milieu musical malgache de s’accaparer la perte de Désiré Razafindrazaka. C’est bel et bien dans plusieurs secteurs de la vie nationale que sa disparition laisse un grand vide. Les hommages ont plu dès l’annonce de son décès sur les réseaux sociaux. Rossy a salué un ami, « parmi mes producteurs avec Adrien et sa famille en France », témoigne le roi du Tapôlaka.
La chanteuse Lalatiana n’a pas manqué de le remercier pour ses réalisations dans le domaine de la musique malgache. L’un des meilleurs jazzmen de sa génération Njaka Rakotonirainy a rendu hommage, entre autres, à une personne ouverte sans distinction à toutes les générations de musiciens. La dépouille a été mise en terre hier au caveau familial à Anjanahary.
Maminirina Rado