Le « candidat de la victoire » promet de mettre en place un gouvernement une fois élu à la Présidence du pays.
Midi : Quels constats ferez-vous à l’issue de ces 2 semaines de campagne électorale ? Les plus, comme les moins ?
JLR : « Tout d’abord, je tiens à saluer la patience des Malgaches, qui durant presque 5 ans ont tenu le coup malgré l’insistance de certains à rester au pouvoir sans avoir consulté le peuple. Je vais commencer par le négatif… Je dirais qu’à l’issue de cette campagne, je me pose la question de l’impartialité de certaines autorités. J’ai été plusieurs fois victimes de « couacs » cumulés. Je vais rester fair-play et dire que c’est une accumulation de maladresses de la part de la partie organisatrice. Ceci dit c’est quand même agaçant de devoir toujours vérifier le travail qui est censé être fait par des professionnels et des techniciens. Les plus ? Je tiens à adresser un grand remerciement à tous ceux qui m’ont soutenu. Je reste encore ému de l’accueil chaleureux et grandiose dans les provinces de Madagasikara. Cette campagne, c’est aussi un moment durant lequel j’ai pu entendre les problèmes à vif, voir les conséquences de 5 ans de mépris et d’impunité. »
Midi : D’après vous, dans quelle(s) région(s) serez-vous susceptible de remporter haut la main les élections ? Pourquoi ? Sinon, dans quelle(s) région(s) vous sentez-vous moins avantagé ? Pourquoi ?
JLR : « Je vous remercie de la question, mais je ne peux vous répondre. Au vu de l’engouement sur le terrain, je dirai sans hésitation que je me sens confiant. Au vu du travail de mon équipe et de la qualité du soutien des candidats et autres personnes qui m’ont apporté de l’aide je dirai également que je suis serein. Ma seule inquiétude réside dans l’accessibilité de certains bureaux de vote dans des zones enclavées et touchées par la pluie, c’est la porte ouverte à pas mal d’irrégularités, mais nous nous sommes préparés logistiquement à empêcher que certains cèdent à la tentation. »
Midi : Lors des deux derniers débats télévisés, certains observateurs vous ont reproché le fait de n’avoir aucun argument outre « le fait d’insister sur le putsch de 2009 ». Votre avis ?
JLR : « Oui enfin, on va dire qu’ils n’ont entendu ce qu’ils voulaient entendre d’une part et je dirais également, qu’il oublie le poids du bilan de ce fameux putsch qui est la cause de beaucoup de mal dans notre pays. Je ne me retiendrais pas de le répéter… c’est une vérité alors que tout le monde l’entend ! Et je suis comme les observateurs, j’aimerais parler d’autre chose que du putsch, mais ce serait broder. 5 années de Transition c’est une inflation qui passe l’ariary à plus de 3000/1€, c’est 600 000 enfants sortis de la scolarité, c’est 300 000 emplois perdus, c’est des millions de fonds d’aide au développement, suspendus.. et vous voulez que je me taise ? Mentir ouvertement ou mentir par omission est une spécialité que trop d’actuels responsables politiques ont, je ne veux pas être de ceux-là. Je prône le changement, qu’on accepte aussi cela. »
Midi : Ces derniers jours, on n’arrête pas de clamer que le pouvoir actuel va tout faire pour les fraudes électorales, afin que le candidat N°3 puisse gagner les élections. Qu’en pensez-vous ?
JLR : « Je vais vous dire, par décence politique, je ne répondrai pas. Par respect pour le travail de la CENI-T, je n’étayerai pas, mais surtout c’est par besoin de ne pas aboutir à une autre crise électorale que je n’accuserai pas, mais j’ai un message à faire passer : « Peuple Malgache, Responsables politiques, Chefs des Institutions : le monde nous regarde ! Vos actes, vos décrets de dernière minute et votre choix montrent au reste du monde quelle voie vous voulez prendre ».
Midi : Qu’allez-vous faire ?
JLR : « Nous avons déployé des «témoins » à savoir une dizaine de milliers de volontaires qui observent également les élections en dehors du bureau de vote, et l’appui de soutien comme Sylvain Rabetsaroana et Me AVOKO, 40 000 Kung fu civils qui vont suivre rigoureusement les urnes jusqu’au CED et au SRMV pour s’assurer de leur sécurisation. Et cela sans parler des délégués de vote, déployés dans toute l’île. »
Midi : Certains observateurs vous reprochent le fait de n’avoir aucun programme présidentiel efficace, voire réel, mais que vous ne vous baseriez que sur le MAP ? Votre avis ?
JLR : « Faux. Ils se trompent. Cependant je reconnais que le MAP est un document de base qui m’a été très utile. Je rebondis sur ce document parce que tout le monde le décrit comme appartenant à Marc Ravalomanana, mais n’oubliez pas qu’il a été fait par de jeunes talents malgaches et étrangers qui voulaient contribuer l’amélioration de Madagascar. C’est un document technique et je pense qu’après 5 années de vide, repartir sur de la compétence est positif et constructif. Pour ce qui est du fond, et bien j’aborde avec sérieux la question du développement urbain mais aussi rural qui fait partie de mes priorités. Sans pour autant ne pas parler de la grande question de la décentralisation : je veux un Etat fort mais avec une décentralisation effective, sérieuse et efficace. Il faut mettre fin à cet enclavement de province, nous sommes à l’ère de la communication, alors communiquons entre nous déjà, par l’instauration de route, par l’amélioration des infrastructures aéroportuaires qui sont totalement hors normes mais aussi par rapport à la valorisation de nos infrastructures hôtelières. Je ne peux pas vous résumer en quelques lignes ce que j’ai mis des années à construire, mais tous les sujets sont pris en compte dans mon plan, la question transversale de la femme et de son intégration dans la société malgache, est aussi une thématique que j’ai à cœur tout comme celle de l’environnement. »
Midi : Vous êtes taxés d’être la « marionnette » de l’ancien président ? Est-ce vrai ?
JLR : « Bon c’est un peu la facilité ce que vous dites et c’est ne pas écouter ce que je dis depuis plusieurs semaines. J’ai fait plusieurs déclarations sur la question, mais vous semblez sourds à mes remarques. Non, je ne suis pas une marionnette, je serai le seul président de ce pays, il n’y a pas deux personnes sur le bulletin que les électeurs ont à choisir le 20 décembre. Je ne vais pas prendre la défense de mon « concurrent » mais je pense qu’il est sincèrement intéressé à être le seul chef de l’Etat, cependant, moi je n’ai pas été ministre des Finances d’un gouvernement qui est encore obscure sur l’origine des fonds de la caisse de la présidence. Je n’ai pas été ministre des Finances d’un gouvernement qui a appauvri un peuple. Cependant j’ai été ministre avec un bilan positif, mes compétences ont été reconnues sur le plan médical à l’échelle mondiale.. c’est tout ce que j’aurai à dire sur la question. »
Midi : En effet, beaucoup de citoyens interrogés hésitent encore à vous choisir parce qu’ils sont persuadés du fait que vous ne seriez pas capable de diriger le pays sans avoir Ravalomanana derrière vous. Quelle assurance donnerez-vous à ces gens ?
JLR : « Je pense que je viens de répondre à la question : je ne suis pas un autre. Mais oui, j’ai pris des engagements, envers lui mais surtout envers 22 millions de Malgaches, je voudrais vraiment que vous le souligniez sur les quelques heures qui restent de cette campagne. »
Midi : Si vous êtes élu, quelles seront exactement vos priorités, en combien de temps allez-vous les réaliser ?
JLR : « La première année sera la plus dure, inventaires fonciers, remise à plat des normes, audit des entreprises d’état… et réconciliation nationale. Je crois voir un grand homme, nommé Nelson Mandela qui est parti, il a laissé un héritage fort, je crois que si nous avons quelque chose à prendre de lui c’est son œuvre pour la paix, je veux apporter à Madagascar ce qu’il a apporté en Afrique du Sud et cela dès le premier jour de mon mandat. »
Midi : Pouvez-vous donner un aperçu du régime/gouvernement que vous allez mettre en place si vous venez à être élu Président de la République (structure, nombre de ministères, …), puis maintiendrez-vous votre dernier propos selon lequel vous allez nommer l’ancienne première dame en tant que Premier ministre ?
JLR : « Non je ne peux pas, parce que sur ce thème, je ne décide pas, mais ce sont les citoyens par leur choix aux législatives, je respecterai la démocratie. Ensuite j’irai vers un gouvernement d’ouverture, car je le répète, la réconciliation nationale, le civisme et le « fihavanana » seront les bases de ma politique… le reste il appartient au peuple. Pour ce qui est de Mme RAVALOMANANA Lalao, j’ai bien recadré mes propos, c’est mon choix, mais il sera possible que si son parti sera majoritaire aux élections législatives ».
Midi : Votre mot de la fin pour les concitoyens. Merci beaucoup M. le Candidat.
JLR : « Nous avons attendu pour voir enfin le droit de voter pour le changement. Des dirigeants, la communauté internationale et les divers regroupements ont parlé pour vous durant quatre années. Cette fois-ci, la parole vous est donnée, alors utilisez-la pour voter pour le changement. Voter c’est important, mais voter utile est capital pour le devenir de Madagascar. »
Recueillis par RAJAOFERA Eugène