
Mandat de dépôt prolongé pour les deux journalistes.
Le Directeur de la publication du quotidien « Madagascar Matin », Jean Luc Rahaga et son ancien Rédacteur en chef, Didier Ramanoelina ont passé hier leur troisième nuit en prison. En effet, à l’issue de l’audience qui s’est tenue hier au tribunal d’Anosy, le Juge a décidé de les renvoyer à Antanimora en attendant le verdict qui sera prononcé le vendredi 25 juillet (demain). La demande de liberté provisoire formulée par leurs avocats a été refusée. Une décision condamnée par le monde de la presse en général et les différentes associations de journalistes. Et ce, dans la mesure où pour une affaire de délit de presse, le mandat de dépôt semble être une mesure inappropriée. D’autant plus qu’en se référant à la déclaration avant-hier du Directeur de Cabinet de la Présidence, l’on pourrait soupçonner des « pressions sur les juges ».
Marche silencieuse. Pour revenir à la journée d’hier : comme prévu, les journalistes ont organisé une manifestation devant le tribunal d’Anosy juste avant le début du procès. Une véritable démonstration de force pour exprimer la solidarité à nos deux confrères, Jean Luc et Didier. Tout en exposant des banderoles où l’on a pu lire : « Non à un régime dictateur. La liberté de presse bafouée. La presse malgache en danger… », les journalistes venant des différents organes de presse aussi bien nationaux qu’internationaux, ont organisé une marche silencieuse à Anosy avant d’entrer dans la salle d’audience. Toutefois, une heure après le début du procès, l’assistance a été priée de quitter la salle, laissant ainsi la suite de l’audience à se tenir à huis-clos. En tout cas, Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina ont plaidé non coupable. Quant au premier, même s’il est le Directeur de la publication de « Matin », il n’était pas au courant de l’insertion dans le journal paru le 12 juillet, du « courrier des lecteurs » qui était à l’origine de cette affaire. L’élément moral, un des trois éléments constitutifs d’une infraction n’a donc pas été constitué, puisqu’il n’y a pas eu une intention de diffamer les ministres cités nommément dans cette lettre.
Faute professionnelle. Par contre, pour ce qui est du cas de Didier Ramanoelina, il n’est pas pénalement responsable, donc, il n’a commis qu’une simple faute professionnelle. Une faute à laquelle, il l’a déjà payée de sa fonction de Rédacteur en chef. En outre, les avocats de la défense ont plaidé le vice de procédure dans la mesure où la lettre de procuration présentée par la personne qui a été mandatée pour représenter Rivo Rakotovao à cette audience portait le cachet officiel du ministère d’Etat chargé des Infrastructures, de l’Equipement et de l’Aménagement du territoire. Pourtant, au cours de la conférence de presse qu’il a tenue lundi dernier, le plaignant a déjà annoncé qu’il a porté plainte en tant que Rivo Rakotovao mais non pas en tant que ministre. Pourtant, dans toute affaire judiciaire impliquant l’Etat, c’est le Directeur de la Législation et des Contentieux (DLC) au niveau de la Primature qui devrait le représenter à l’audience. Aussi les avocats de la défense ont-ils réclamé tout simplement un renvoi des fins de poursuite. Logiquement, les deux journalistes devraient être acquittés demain. A moins que les magistrats ne subissent réellement des pressions comme le soupçonne Maître Willy Razafinjatovo (Olala). En attendant, les journalistes prévoient d’organiser une nouvelle manifestation ce jour afin de réclamer la libération de leurs confrères.
Davis R