
Les deux journalistes n’ont pas été placés dans la même cellule que les autres détenus.
Après quatre jours de détention préventive à la prison d’Antanimora, le Directeur de la publication du quotidien « Madagascar Matin », Jean Luc Rahaga et l’ancien Rédacteur en chef du même journal, Didier Ramanoelina ont enfin recouvré la liberté. Et ce, bien que leur libération ait enregistré plusieurs heures de retard. En effet, bien malgré l’intervention la veille, du président de la République, Hery Rajaonarimampianina qui a ordonné au ministre d’Etat chargé des Infrastructures, de l’Equipement et de l’Aménagement du territoire, Rivo Rakotovao de retirer sa plainte, les deux journalistes ont quand même respecté les procédures légales. Ils n’ont pu quitter la prison qu’à 15 heures. Une heure d’attente donc pour les nombreux journalistes qui, après avoir tenu une nouvelle manifestation devant le Palais de Justice à Anosy, ont fait le déplacement à Antanimora pour assister à la sortie de leurs confrères et pour le soutenir. Pourtant, dans la soirée de jeudi, après avoir confirmé le retrait de la plainte contre Jean Luc et Didier, les membres de la presse ont déjà attendu devant la prison jusqu’à très tard dans la soirée, tout en espérant le respect du code de procédure pénal qui prévoit que le désistement de celui qui a mis en branle l’action publique, suffit à arrêter la poursuite.
Conditions de détention. En apercevant la forte mobilisation de ses confrères composés entre autres, de journalistes venant de différents districts, en l’occurrence de Manakara, de Tsiroanomandidy, d’Antsirabe et de Fianarantsoa, Didier Ramanoelina n’a pas pu retenir ses larmes. Tout de suite après leur libération, Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina ont remercié tous les journalistes, leurs familles et le peuple malgache qui ont lutté durant cinq jours pour réclamer leur libération. « Même pendant une minute, nous n’avions pas eu le sentiment d’être seuls et sans soutien », a-t-il déclaré. Le Directeur de la publication de « Madagascar Matin » n’a également pas manqué de remercier le personnel de l’Administration pénitentiaire qui leur a apparemment accordé un traitement de faveur durant leur incarcération. En effet, bien malgré les « pressions en haut lieu », ils n’ont pas été victimes de violence en prison. « Nous avions eu de bonnes conditions de détention », a fait savoir Jean Luc Rahaga. En effet, les deux journalistes n’ont pas été placés dans la même cellule que les autres détenus. « La première nuit, nous avions dormi à l’infirmerie. Par contre durant nos trois dernières nuits d’incarcération, nous avions été placés dans le bureau du chef d’établissement… Pour notre part, on n’a pas vécu les mauvaises réputations de la vie en prison… Nous avions pu prendre une douche tous les jours. Des gens ont même préparé nos repas », a-t-il mentionné. Ce récit prouve que nos deux confrères n’ont pas du tout été maltraités durant leur séjour à Antanimora.
Victoire. Durant cinq jours, les journalistes, aussi bien nationaux qu’internationaux, ont multiplié la mobilisation de soutien à Jean Luc et Didier. Hier, mis à part les membres de la presse, une foule immense a également participé à la manifestation. Un long cortège a été organisé depuis Anosy jusqu’à Antanimora. En tout cas, bon nombre d’observateurs considèrent cette libération comme une victoire de la presse contre les intimidations et la censure. Quoi qu’il en soit, la lutte continue avec d’autres revendications telles que la réouverture des stations radios fermées depuis 2009.
Davis R