« Ho aiza ireo olona rava trano ? Very fananana ! ». C’est ce qu’on peut lire sur la banderole accrochée sur le mur d’une maison qui signifie littéralement « Où vont aller les gens dont les maisons seront démolies ? Et qui perdront leurs biens ».
Jetés à la rue !
C’est le cri de détresse lancé par les propriétaires et/ou occupants des habitations qui longent la route du Pape. « Nous sommes contre la démolition de nos maisons », déclarent-ils en chœur et le cœur serré. Sans distinction de catégories sociales. Et toutes habitations confondues. Qu’il s’agisse de constructions en dur ou en bois, ils tiennent tous à leurs maisons. « Le fruit de dures années de labeur », souligne une autre banderole étalée sur une véranda. Tel du linge avec fond blanc et imprimé en noir. Blanc comme un cadavre qu’ils craignent de devenir s’ils venaient à être délogés de leur chez soi. Et noir comme leur regard face à leur inéluctable « expropriation pour cause d’utilité publique », tel qu’il est mentionné dans le rapport du conseil des ministres du jeudi 1er septembre concernant le ministère auprès de la Présidence en charge des Projets présidentiels, de l’Aménagement du Territoire et de l’Equipement. Les futurs expulsés ont l’impression d’être jetés à la rue par le président de la République. Certains regrettent même d’avoir voté pour lui et font savoir qu’ils ne se laisseront pas prendre une seconde fois. En 2018 ou même avant en cas d’élections présidentielles anticipées. En tout cas, cette vague de contestation sera immanquablement exploitée, si ce n’est déjà le cas, par les adversaires du futur président candidat, en particulier par ceux qui recrutent dans les bas quartiers. Tout autant que l’affaire du terrain d’Andohatapenaka fera certainement le beurre du fondateur de l’empire Tiko. Au final, l’ex-numéro 33 risque d’être pris en sandwich entre deux adversaires. Ce qui pourrait, tel que le subodorent déjà certains observateurs, amener le juge électoral à exclure ces derniers. A l’image des propriétaires des maisons sises le long de la route du Pape qui n’ont qu’une seule alternative : la voie amiable ou l’expropriation qui signifie dans l’un comme l’autre cas, expulsion.
R. O