Alain Ranaivoharisoa fait partie de la délégation malagasy présente à Azerbaïdjan pour la coupe du monde d’échecs. Il nous en parle et surtout émet ses avis quant au niveau de Madagascar.
Midi Madagasikara : « Parlez nous du niveau actuel de la compétition ! »
Alain Ranaivoharisoa, joueur d’échecs : « le niveau est plus qu’élevé car tous les pays envoient les 5 meilleurs joueurs de chez eux. Il y a des nations très fortes et candidates à la première place comme les USA, Inde, Chine, Ukraine, Russie et Pays bas et puis il y les fortes, les moyennes.
M.M. : « Et où se situe Madagascar ? »
A.R. : « Nous jouons dans la catégorie D, il y a des catégories A, B, C, D et E et le A reste le plus fort. Nous tenterons de gagner une médaille en D ».
M.M. : « Comment se déroule la compétition ? »
A.R. : «On doit jouer 11 rounds à raison de 1 round par jour. Il y a une pause lors du 5e round. La nation ayant gagné le plus de points après les 11 rounds sera la gagnante. Cela se jouer selon le système suisse et l’appariement de cadence de 1h30 fois 2 avec une incrémentation de 30s par coup pour les premiers coups suivie de 30 mn fois 2.
M.M. : « Quels sont vos obstacles sur place ? »
A.R. « Nous ne sommes pas du tout habitués à ce système de jeu. Si on l’utilise à Madagascar, un round prendra une journée entière car on peut ne finir la partie qu´au bout de 6 heures. On ne peut pas organiser cette cadence sinon, cela demandera 10 jours pour un tournoi. Or nous avons les contraintes scolaires et professionnelles. Peut-être Fy est le seul habitué car il n’évolue pas à Madagascar. Nous avons besoin d’entraîneur étranger digne de l´être. Or cela coûte très très cher.
M.M. : « Situez-nous un peu le niveau des adversaires »
A.R. « Il y a évidemment l’Europe de l’Est très loin devant. Le jeu d’échecs est une culture soviétique. Il existe aussi des pays émergents genre Inde et Chine dont le niveau s’est amélioré ces derniers temps. Ensuite viennent les grandes nations comme qui veulent marquer la compétition de leurs noms et se considérent, comme la crème avec les USA, France, Grande Bretagne. L’Amérique Latine n’est pas loin d’eux avec le Cuba, l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur. Je pense que c’est une culture importée par le régime communiste d’avant. Les Africains font de leur mieux mais nous ne possédons point les infrastructures adéquates et nous n’avons non plus la fibre ni la culture de ce jeu alors que nous avons un réel potentiel.
M.M. : « peut-on rêver de haut niveau ? »
A.R. : « Oui, on peut toujours rêver. Mais c’est dur de réaliser car les meilleurs sont des professionnels qui font des études de 6 à 8 heures par jour. Les contraintes de vie à Madagascar ne permettent pas encore cela. Il faut essayer d’avoir avant tout le top niveau en Afrique dans un premier temps. L’Egypte est la meilleure en Afrique pour le moment suivi de l’Afrique du sud, et des pays du Maghreb. L’Afrique subsaharienne suit le mouvement avec Madagascar. »
Recueillis par Anny Andrianaivonirina
