
Faire le point sur la natation à Madagascar à 13 mois des Jeux des Îles est devenu une nécessité en raison des 40 médailles à pourvoir dans cette discipline. Mais le temps d’entamer la discussion sur le sujet et l’interview du Général Gabriel Ramanantsoa, président de la Fédération malgache de natation, vire au cauchemar et prend l’allure d’un véritable SOS tant la natation aura du mal à soutenir la comparaison avec La Réunion. Jugez-en plutôt.
Midi Madagasikara : Sommes-nous en droit d’attendre une bonne prestation de nos nageurs aux Jeux des Îles 2023 ?
Gabriel Ramanantsoa : « À l’heure où on parle, c’est encore le flou concernant l’avenir de la natation et notre participation aux Jeux des Îles. Ma crainte est de voir cette discipline prendre le pas au Baron de Coubertin lorsqu’il disait que l’essentiel est de participer. C’est à se demander si on ne ferait pas mieux de déclarer forfait ».
Midi : Pouvons-nous comprendre pourquoi vous êtes si amer ?
G.R. : « Mes craintes sont fondées car pour l’instant, Madagascar n’a pas une piscine olympique aux normes incluant un bassin d’échauffement, une salle de contrôle anti-dopage mais aussi un système de chronométrage électronique. Vous allez me dire que nous avons la piscine de Toamasina et celle de l’ANS mais ces deux piscines ont encore besoin d’un sérieux coup de lifting avant d’être opérationnelles.
Savez-vous que la piscine de Toamasina n’a subi aucune réhabilitation depuis les années 80 et que la machine de chauffage de celle de l’Académie Nationale des Sports ne fonctionne plus depuis les Jeux des Îles de 2007. Certes, le ministère nous a promis de réparer cette machine mais jusqu’ici, cela ne s’est pas fait alors que nous en avons grandement besoin pour préparer les nageurs, et ce, bien au-delà de son ouverture qui va d’octobre à mars. Ce ne sera jamais suffisant pour espérer réaliser de bons résultats.
Quant au déplacement à Toamasina, il ne pourra pas se faire car 41 nageurs sur les 60 présélectionnés sont de Tana. Ils ne délaisseront pas leurs études sans parler des mineurs qui ont aussi besoin d’une autorisation parentale.
Or, le haut niveau exige une préparation qui dure toute l’année ».
Midi : Mais n’avez-vous pas déjà des athlètes de haut niveau ?
G.R. : « Si vous parlez des deux nageurs qui suivent un stage de la FINA, Antsa Rabejohn a quitté le centre de Kazan en raison de la guerre en Ukraine tandis que Jonathan Raharvel va intégrer un autre centre de la fédération internationale en Thaïlande. Mais nous sommes en train de négocier pour que Antsa rejoigne aussi ce centre.
Outre ces deux nageurs, j’espère que Mickael Rasolonjatovo et Murielle Rabarijaona qui sont déjà à l’extérieur après les Jeux Olympiques de Rio auxquels ils ont participé, continuent de s’entraîner.
Sur le plan local, nos meilleures armes sont Tendry Idealy mais aussi John Rakotomavo. Mais encore une fois, ce ne sera pas suffisant pour faire jeu égal avec les Réunionnais. J’ai entendu dire que la Chine va se mobiliser pour aider les athlètes malgaches et j’espère que la natation saura profiter de cette perche tendue.
En attendant, il va donc falloir jouer serré pour tenter un tant soit peu de grignoter l’écart et miser sur le soutien du public pour faire des exploits.
Car à l’heure actuelle, il nous faut des exploits pour gagner devant les Réunionnais, les Seychellois et les Mauriciens.
Les efforts doivent être soutenus avec les 459 nageurs dont Madagascar dispose. Aucune autre île n’en a autant, du moins sur le plan purement quantitatif. Et quand on sait que les autres envoient leurs nageurs en Europe, il y a de quoi être inquiet ».
Propos recueillis par Clément RABARY