Les lampions se sont déjà éteints pour les Malgaches aux Jeux Olympiques. Les nôtres sont sortis comme ils sont rentrés à Rio. Sur la pointe des pieds. Arrêt sur images pour des sportifs qui ont finalement récolté ce qu’ils ont semé. C’est-à-dire bien peu de choses de par l’immobilisme de ce ministère des Sports plutôt prompt à financer des projets stériles tels le Sport pour Tous ou pire encore l’ASOIMI, les jeux interministériels connus.
C’est fini pour les athlètes malgaches présents à Rio et qui y sont encore jusqu’à la cérémonie de clôture de ce dimanche. Un repos de guerrier en quelque sorte même si tout le monde s’accorde à dire que la prestation ne répondait pas à l’attente du public.
Les six athlètes engagés à Rio ont tous échoué dès le premier tour. « Un premier tour dia vita », pour parodier une certaine période électorale de l’époque Ravalomanana mais qu’il faudrait nuancer car on ne peut pas se permettre de mettre tout le monde dans le même sac.
Longue préparation. Difficile en effet de ne pas sortir du lot la judokate Asaramanitra Ratiarson qui a donné du fil à retordre à la Cubaine Mestre Alvarez Dayaris . La Malgache n’a échoué que sur trois malheureux shido contre un seul pour son adversaire du premier tour qui a ensuite aligné les ippons face à des adversaires pourtant plus huppées avant d’échouer au pied du podium et finir à la 5e place des moins de 48 kg.
Mais autant le dire que si Asaramanitra était parvenue à ce degré de forme c’est grâce à une très longue préparation en France où il arrivait au président Siteny Randrianasoloniaiko de sortir de l’argent de sa poche afin de permettre à sa protégée de sillonner les quatre coins du monde pour les tournois majeurs pendant huit longs mois.
On peut en dire autant du nageur Anthony Sitraka Ralefy qui est carrément resté en France pour être au contact de l’élite pendant une longue période. Et si sa 5e place de sa série du 100m papillon est moins significative, on notera qu’il a réussi à améliorer dans la foulée son propre record de Madagascar en le portant de 55.10 établi aux Jeux des Iles à la Réunion à 54.72.
On se gardera également de tirer sur Vania Ravololoniaina dont le total olympique de 185 kg lui ouvre une voie royale pour la suite de sa carrière. Mais là aussi, le président de la Fédération Malgache d’Haltérophilie, Harinelina Randriamanarivo, a dû sortir de l’argent de sa poche pour s’assurer les services de l’expert camerounais Clément Mbala.
Comme tout Malgache. Ce dernier ne tarit pas d’éloges à l’endroit de Vania à qui il recommande tout simplement de manger convenablement. « Il faudrait qu’elle fasse attention à ce qu’elle mange pour un plus d’énergie car comme tout Malgache qui se respecte, elle se rue sur le riz et les viandes en évitant les salades et autres fruits et ce n’est pas bon pour une fille qui est encore très perfectible », commente avec humour ce sympathique Camerounais.
Et si on peut mettre juste à l’étage en dessous Eliane Saholinirina créditée d’une 35e place au 3000m steeple avec un chrono de 9mn 45 sec 92, c’est qu’elle a aussi des arguments à faire valoir notamment le fait d’être établie en France où elle côtoie la crème mondiale mais aussi un encadrement bien français et ce que cela suppose des gros moyens.
Ces quatre athlètes de par leurs performances illustrent bien le fait qu’il n’y a pas de miracle en sport. La nageuse Estellah Rabetsara Fils et ses 1mn 01 sec 11 au 100m nage libre ou encore Ali Kamé bon dernier de la série du 110m haies avec un temps à oublier de 14 sec 89, savent aujourd’hui qu’on ne peut pas faire mieux en restant dans ce pays de moramora et qu’il faut avoir les moyens de ses ambitions pour espérer tenir un petit rôle aux Jeux Olympiques. Y a-t-il un ministère des Sports dans la salle ?
Clément RABARY