
25 décembre 2021 à Antsiranana, une foule se met en rang pour faire un selfie avec un clown. On croyait que c’était à l’occasion de la fête. Alors que Jacques Terrie alias Jiji Clown faisait ce genre d’improvisation depuis 40 ans.
Il a fait le tour du monde, Vietnam, Cambodge, Laos, Thaïlande, Mexique, Costa Rica, Nicaragua pour redonner le sourire aux malheureux. Il adopte la devise de clown, « souris à la vie et la vie te sourira ». À 78 ans, il a toujours une vitalité extraordinaire.
En mars 2002, le vazaha débarque à Toamasina. En organisant des évènements, il a pratiquement fait le tour de la Grande île en tant que clown bénévole avec son association « Les enfants d’abord ».
« Moi je voyage à travers le monde. Madagascar est un de mes premiers pays préférés parce que le contact avec la population est un contact « bon enfant ». Elle est formidable. Partout où je vais, dans les endroits reculés, c’est une fête pour tout le monde, et c’est un bonheur pour tout le monde ». Son objectif principal est de réussir son projet à l’Alliance Française, faire une école de théâtre clown pour que les enfants apprennent à être clown. Jiji compte également faire un atelier et organiser un festival.
Derrière le maquillage et le nez rouge se cache un homme qui a souffert et qui a su faire. Orphelin de père, Jacques Terrie a été éduqué par un prêtre de son village. « Il m’envoyait à l’école au petit séminaire où j’apprenais le grec et le latin », a-t-il témoigné. À 15 ans, il est reparti sur Paris pour rejoindre sa mère. Ensuite, il se rend au centre d’orphelinat où il a appris un travail : dessinateur industriel. Au début de sa carrière, il a travaillé dans une société qui construisait des ensembles pour les hauts fourneaux, à l’Est de la France, une époque où la sidérurgie était une des bases de l’économie de l’Hexagone (dans les années 1970). Ensuite, il a suivi des formations professionnelles pour être technicien de bâtiment. Jiji gravit les échelons et devient chef de chantier.
À 40 ans, il a eu une crise familiale qui l’a conduit au divorce. Il avait besoin de retrouver le sourire. Il se dirige dans un centre culturel de son quartier où il y crée une section théâtre. Un soir, il anime le centre culturel. Il chavire l’assistance de bonheur. « Cela a été un déclic dans ma vie, j’ai retrouvé le sourire ».
À 48 ans, Jiji se retrouve au chômage, il a été licencié. Un coup dur pour le clown. Toutefois, cela était un rebondissement dans la vie de l’artiste. « Moi j’ai appris à être positif. Dans la vie, on obtient ce que l’on veut ». Il se rend dans des hôpitaux pour faire le clown pour des enfants malades pendant trois ans. Dès lors, il décide de maintenir son activité. Il commence à voyager à travers le monde et écrit un livre sur le métier de clown. Actuellement, il souhaite rester à Madagascar et former les jeunes à devenir des clowns professionnels.
Iss Heridiny