
Alors que les coupures d’eau et d’électricité attisent la grogne des usagers dans tout le pays, des employés de la Jirama pointent des causes « structurelles » et un « manque d’anticipation » des dirigeants, qui ont conduit au désastre actuel. Plusieurs disent vouloir rejoindre les manifestations et la grève générale annoncée. La critique vise surtout la poursuite du recours aux groupes électrogènes, synonyme d’une électricité thermique chère, dépendante du carburant et exposée aux pénuries. Pour les agents, cette stratégie entretient l’endettement et les délestages. Ils préconisent d’investir dans des solutions structurelles telles que la réhabilitation des réseaux, l’accroissement des capacités hydroélectriques et solaires, l’élaboration de contrats plus transparents. « La Jirama a fonctionné à perte depuis des années à cause de ce mauvais choix. Alors que l’État affirme miser sur les énergies renouvelables, le président de la République continue d’annoncer des acquisitions de groupes thermiques. Même si l’on continue d’en importer, nous n’aurons pas de carburant suffisant pour les faire tourner à plein régime. Le thermique est trop coûteux », confie un agent, dénonçant des « enrichissements » en coulisse.
Appel à l’unité
La direction générale tente de désamorcer la fronde. Dans une lettre interne, elle juge la grève inopportune « alors que l’ensemble de la population est insatisfaite du niveau de service », et appelle à « redoubler d’efforts » pour éviter « toute situation pouvant entraver la bonne marche de l’exploitation ». La direction affirme qu’« aucune cession de capital n’est envisagée », car la Jirama restera « détenue à 100 % par l’État malagasy ». Elle assure poursuivre la construction de nouvelles centrales et installations d’eau, ainsi que le renforcement des réseaux, et évoque un accord en préparation avec les syndicats pour « renforcer la participation active des travailleurs à la reconstruction ». Bref, pour la direction générale de la Jirama, l’heure n’est pas à la division, mais à l’unité constructive. Elle appelle chacun à « reconsidérer la situation » afin d’éviter d’aggraver une crise « déjà catastrophique pour la population ». Entre revendications internes et promesses de réforme, l’équation demeure sous tension.
Antsa R.