
Faute de système adéquat de contrôle, la gestion des carburants au sein de la Jirama a longtemps fait l’objet de trafics de tous genres.
Selon le rapport public de la Cour des comptes, de lourdes pertes estimées à 734 millions d’ariary ont été enregistrées entre 2020 et 2023.
Défaillances
Le rapport de la Cour des comptes indique notamment que ces pertes résultent des écarts entre la quantité de carburants achetés par la Jirama et le volume de livraison effective. Autrement, durant ces années, la Jirama a acheté plus de carburants qu’elle n’en consomme réellement. Et avec d’énormes quantités ayant fait l’objet de trafics puisque, entre ces deux périodes, la Cour des comptes a enregistré 124 726 litres de fuel-oil et 47 935 litres de gasoil non justifiés. « Ainsi, de 2021 à juin 2023, les quantités achetées et livrées en FO sur les sites précités présentent un écart de 124 726 litres, évalué à 498 904 000 Ariary pour un prix moyen au litre de 4 000 Ar. Tandis que, pour le GO, un écart de 47 985 litres est relevé et estimé à 235 126 500 Ariary pour le prix à la pompe de 4 900 ariary le litre », précise le rapport de la Cour des comptes qui constate également des insuffisances dans l’enregistrement des stocks de FO et GO au sein de la Jirama. « Ces défaillances relatives à l’enregistrement des stocks de carburants et à la qualité des données affectent la qualité de l’information financière liée aux stocks de carburants, laquelle ne peut servir d’outil d’aide à la prise de décision. Cette situation génère des discordances entre les données de la Jirama et celles des producteurs d’énergie. En outre, les CSP ou Consommations Spécifiques de Production réelles des groupes utilisés sont souvent supérieures aux valeurs normatives, entraînant une faible performance desdites centrales ».
Énormément d’anomalies
En somme, alors que l’enjeu se chiffre par des dizaines de milliards d’ariary, personne n’a été en mesure de savoir exactement quelles sont les quantités réelles de carburant achetées et celles réellement utilisées. Énormément d’anomalies finalement, au bénéfice des trafiquants au sein de la Jirama. Selon les observateurs, ce phénomène aurait pu être évité si les autorités et la Jirama avaient un système de contrôle adéquat des importations et de distribution des produits pétroliers dans le cadre de l’approvisionnement en hydrocarbures. Et pourtant, ce problème aurait pu être évité puisque la douane malagasy a déjà prévu, dans son programme de réformes, un meilleur contrôle des qualités et des quantités importées par de nouveaux outils digitaux. Et ce, en vue de permettre une meilleure traçabilité des flux des carburants achetés et réellement utilisés par la Jirama. L’on sait que la digitalisation des contrôles proposée par la direction générale des douanes avait reçu l’aval des opérateurs pétroliers et l’avis favorable du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. D’après nos informations, un partenariat avec une société spécialisée dans ce genre de contrôle avait déjà été discuté au niveau de l’exécutif d’avant la crise, mais n’a pas abouti jusqu’à présent. Il reste à savoir si les autorités transitoires, qui placent la lutte contre les fraudes, vont prendre les dispositions qui s’imposent pour relancer ce dispositif de contrôle et de transparence réclamé par les bailleurs de fonds.
R.Edmond.




une tradition gasy de voler du carburant, du chauffeur au pdg…..malgré les plombs de sécurité, le vol est enfantin……