
En un rien de temps, la photo de la nouvelle stèle avec toutes ses fautes d’orthographe a fait le tour des réseaux sociaux. Inauguré hier par le ministre de la Communication et le président de l’Ordre des journalistes, sous la tutelle du président de la République et du premier ministre, le monument constitue une véritable honte pour le journalisme malgache. « Journée mondiale de la Liberté de la Presse » peut-on lire sur la stèle. Il y est aussi inscrit : « (…) Monsieur Solonandrasana Olivier Mahafaly : Premier ministre de la République (…) ». Autant de bévues qui constituent une honte non seulement pour la presse nationale, mais surtout pour la République. Avec les fautes grammaticales à la hauteur de certains communiqués de presse du ministère concerné, l’on se demande depuis quand un chef de gouvernement, parmi les membres du pouvoir exécutif, est devenu un Premier ministre de la République ? La fonction n’existe même pas dans la Constitution et d’ailleurs, partout dans le monde, un premier ministre de la République n’a jamais existé. A la place, il fallait dire Premier ministre chef du gouvernement. Autant de découvertes qui seront gravées dans les annales de la célébration de la journée de la liberté de la presse. Outre cela, la nature même de la journée du 3 mai reste encore incomprise dans le pays. Se référant à ce qui s’est passé à Tamatave, l’on a compris que c’était plutôt une fête du ministère qu’une journée favorisant la liberté d’expression. Il est normal si Harry Laurent Rahajason a sauté sur l’occasion pour faire du populisme. Plutôt que de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession (18 depuis cette année dans le monde), ou encore de parler des problèmes locaux (cartes de presse, conditions du métier etc.), le maître d’œuvre a pris le devant de la scène pour faire des dons à la direction régionale de son ministère. Le président de l’ordre des journalistes et son secrétaire général, quant à eux, ont cautionné, comme à l’accoutumée, cet événement du ministère sans se soucier des autres membres du bureau dans les autres régions. Oui, cette journée est une date culte pour le métier et les autres membres du bureau font de leur mieux, quitte à payer de leurs poches pour rehausser la célébration. Mais ce n’est guère leur problème. Faut-il rappeler encore une fois que la liberté de la presse a avant tout son indépendance par rapport à l’Etat ? Une situation déjà acquise depuis très longtemps dans d’autres pays. Pour le nôtre, même l’octroi de la carte de presse revient au ministère. « Last but not least », l’on se demande la raison qui a amené le partenaire financier à soutenir un événement comme celui de Tamatave en sachant pertinemment que cela ne respecte pas l’esprit de la journée mondiale de la liberté de la presse ? Beaucoup reste à faire dans un système pourri…
T.M