
Choisir la démocratie comme principe, c’est accepter une presse libre et indépendante mais aussi responsable. Madagascar n’a pas manqué de célébrer, hier, la journée internationale dédiée par les Nations-unies à la liberté de la presse. Une occasion pour la presse malgache de faire abstraction de sa réalité.
« La liberté de la presse malgache est relative » entonne Gérard Rakotonirina, président de l’ordre des journalistes de Madagascar, devant des confrères qui sont venus nombreux, hier à Soarano, pour déposer des gerbes sur la stèle de l’ordre. « Les intimidations et les menaces qui pèsent sur les journalistes persistent » poursuit-il. « Et, actuellement, le ministère en charge de la communication est à la première loge pour violer cette liberté de la presse » enfonce-t-il. Il est regrettable, selon Gérard Rakotonirina, de voir en 2020, une journaliste emprisonnée dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Un cas qui ternit, affirme-t-il, l’image du pays en termes de liberté de la presse. L’emprisonnement de Arphine Helisoa, dénoncé de toutes parts, a été l’acte de trop pour l’ordre de journaliste de Madagascar qui cloue au pilori le ministère de la Communication en l’accusant de constituer une « menace » pour la liberté de la presse malgache. La société civile, faut-il rappeler, a été unanime pour dénoncer cet emprisonnement.
Presse sans complaisance. La date du 03 mai est un rendez-vous annuel exceptionnel pour la presse mondiale. Il s’agit, en fait, de la journée internationale dédiée à la liberté de la presse, proclamée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies en 1993, et célébrée sous le thème de « Journalisme sans crainte ni complaisance ». A Madagascar, pour cette année, l’occasion a été saisie pour faire l’état des lieux de cette indépendance et de cette liberté, notions chères à la presse et au journalisme en particulier, dans un contexte fortement marqué par la lutte contre la propagation de la pandémie covid-19. Le cas « Arphine Helisoa » placé au centre du débat sur la liberté de la presse dans le cadre de la célébration de la journée d’hier, reflète la réalité de la presse en cette période d’état d’urgence sanitaire. Une situation « exceptionnelle » qui impose des restrictions, dont certaines au détriment de la presse, sous l’impulsion du pouvoir politique soucieux de la santé publique.
Restrictions. De son côté, l’Etat assume pleinement les mesures restrictives mises en œuvre dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété depuis déjà 45 jours. « La restriction est imposée par la nécessité de préserver la santé et la vie de nos concitoyens. Par conséquent, l’exercice des libertés fondamentales y compris la liberté de presse en situation d’exception ne saurait être la même qu’en période normale. La situation d’exception impose un nouveau cadre temporaire à celle-ci » se défend le ministère de la Communication et de la Culture, dans un communiqué publié hier. Et lui de souligner que ”l’exercice abusif de cette liberté c’est-à-dire ne tenant compte ni des impératifs de la situation d’exception ni des réglementations en vigueur ne saurait aucunement être érigé en liberté de la presse ».
Etat d’urgence. Toutefois, malgré le contexte de l’état d’urgence qui divise la presse et le gouvernement en matière de liberté, ce dernier affirme avoir « énormément œuvré pour l’effectivité de la liberté de la presse à Madagascar ». Il a piloté la réforme du code de la communication médiatisée qui est « un acquis considérable car tous les articles liberticides, décriés par tous les journalistes ont été extirpés » affirme le communiqué du ministère de la Communication. En 2016, la situation a été différente, argumente le gouvernement. « L’adoption du code de la communication médiatisée contenant des dispositions liberticides en 2016 a incontestablement rétrogradé le classement mondial de notre pays concernant la liberté de la presse » souligne le ministère.
Rija R.