
La Journée mondiale des sols célébrée le 5 décembre rappelle une réalité souvent invisible : sous nos pieds se joue une grande partie de l’avenir de la planète. Désormais, Madagascar mise sur la restauration.
« Des sols sains pour des villes en bonne santé ». Tel est le thème de la Journée mondiale des sols pour cette année. Ce thème met l’accent sur le rôle décisif des sols urbains, tandis que Madagascar se positionne comme un acteur engagé de la restauration des paysages et des forêts. Selon la FAO, un simple gramme de sol sain abrite plus d’organismes que la Terre ne compte d’êtres humains. Ce microcosme vivant est le socle de notre sécurité alimentaire. En effet, 95% de notre nourriture en dépend, et de nombreux antibiotiques sont issus de micro-organismes du sol. Les sols fournissent également 15 des 18 éléments chimiques naturels indispensables aux plantes. Pourtant, 33% des sols mondiaux sont déjà dégradés et, sans changement de cap, plus de 90% pourraient l’être d’ici 2050. Érosion, pollution et artificialisation perturbent l’infiltration de l’eau, réduisent la disponibilité en nutriments et appauvrissent la qualité de notre alimentation.
Vue d’ensemble
Face à ces menaces, les pratiques de gestion durable – couverture végétale, agroécologie, limitation du bétonnage, restauration forestière – permettent de réduire l’érosion, d’améliorer le stockage de l’eau, de préserver la biodiversité des sols et de piéger le carbone. Les sols deviennent alors un véritable laboratoire naturel, un bouclier climatique et le cœur d’une sécurité alimentaire durable. Longtemps, le sol a été associé aux campagnes, aux champs et aux forêts. La Journée mondiale des sols 2025 rappelle que les villes reposent elles aussi sur ce capital invisible. Sous l’asphalte, les bâtiments et les rues se cachent un sol qui, lorsqu’il reste perméable et végétalisé, absorbe les pluies, régule la température, stocke du carbone et améliore la qualité de l’air. Mais recouvert de béton, il perd ces fonctions essentielles, rendant les agglomérations plus vulnérables aux inondations, aux épisodes de chaleur extrême et à la pollution. Cette journée invite ainsi décideurs et citoyens à repenser l’aménagement urbain pour bâtir des villes plus vertes, plus résilientes et plus saines.
Restauration en vue
En marge de cette mobilisation internationale, Madagascar a accueilli, du 23 au 30 novembre dernier, une mission d’échange Sud-Sud consacrée à la restauration des paysages et des forêts, levier clé pour des sols vivants. Le point focal national de l’Initiative AFR100 et un spécialiste ivoirien ont parcouru plusieurs sites pour découvrir les approches malgaches en matière de gouvernance, de restauration écologique et de participation communautaire. Organisée par le ministère de l’Environnement et du Développement Durable et la FAO, avec l’appui de la Corée du Sud, la mission a combiné rencontres institutionnelles et visites de terrain, en lien notamment avec le CNRPF. Trois modèles de restauration ont été mis en lumière : Kalanoro à Andasibe-Mantadia (EcoVision Village), Mahavariana à Talata Volonondry (Minimal Irrigation Project) et Saha Lovainjafy à Soamonina (TanySoa Restoration). Ces initiatives contribuent à régénérer les sols et la biodiversité, améliorer la gestion de l’eau et soutenir des moyens de subsistance durables pour les communautés locales. Elles illustrent concrètement comment des solutions fondées sur la nature peuvent renforcer à la fois la santé des écosystèmes ruraux et la résilience des territoires urbains en aval.
Antsa R.




