Juger l’administration afin de régler les conflits entre l’Etat et les usagers est encore une étape difficile à Madagascar.
« L’Etat est considéré comme « Ray aman-dreny » à qui l’on doit obéir. La population n’a aucun mot à dire », se plaint Haingo Raoeliharison, nouveau président de l’Association Nationale pour la Justice Administrative (ANJA), hier, à la Cour Suprême Anosy. Des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation du droit administratif auprès de la population sont nécessaires. « Effectivement, la majorité des Malgaches ignorent que l’Etat peut être jugé. D’ailleurs, cette procédure est gratuite et il n’est pas obligatoire de recourir à un avocat. Actuellement, nous constatons que très peu de gens osent amener leur conflit avec l’État devant la justice administrative », poursuivent Haingo R . Des efforts seront à entreprendre pour qu’il y ait respect des lois à Madagascar. À partir de cette année, la facilitation de l’accès des administrés, des citoyens à la justice administrative restent une priorité pour ANJA.
Eduquer les citoyens. En collaboration avec l’Ordre de Journalistes de Madagascar (OJM), l’association dispensera une formation pour les journalistes afin qu’ils puissent à leur tour éduquer la population. Des séances de formation, des ateliers, des colloques sur le droit administratif et la justice administrative seront organisés périodiquement, non seulement dans les grandes villes, mais surtout dans les communes. « Pour les trois années à venir, notre objectif est de changer la mentalité de la population. Nous encourageons les citoyens à contrôler l’administration et nous leur montrons les stratégies à adopter », explique Haingo Raoeliharison. La passation de fanion entre l’ancien bureau présidé par Jean Arsène Tsaralea et le nouveau bureau avec à sa tête Haingo R. s’est tenu, hier, à la Cour Suprême Anosy. Existant depuis 6 ans dans les six provinces, ANJA regroupe une très large majorité de magistrats de l’ordre administratif malgache. Son principal objectif est de faire connaître le Conseil d’Etat et les six tribunaux administratifs implantés dans chaque province. L’association participe également à la vulgarisation juridique ainsi qu’à une meilleure visibilité de la juridiction administrative.
Nirina Rasoanaivo