La rareté de l’eau affecte plusieurs endroits de la partie sud du pays
Les régions Androy et Anosy dans le Grand Sud de Madagascar sont de nouveau exposées à la sécheresse. Un manque d’eau intense qui frappe plusieurs districts, en particulier ceux d’Ambovombe, d’Amboasary Sud, et de Tsihombe. Pas moins de 18 communes souffrent alors de la sécheresse dans cette partie. La situation est plus grave dans les communes rurales d’Antaritarika et d’Anjampaly, district de Tsihombe. La dernière fois où il y avait des gouttes de pluie, c’était en 2012, c’est-à-dire il y-a trois (3) ans, selon les témoignages des autorités locales, notamment les maires et les chefs de district concernés. Depuis, plus d’eau ni pour humidifier les plantations, ni pour satisfaire les besoins des communautés locales. Ainsi, parmi les seules plantes qui résistent à la sécheresse intense figurent les cactus ou «raketa», risquant de devenir une alimentation d’urgence. Dans ces localités, il n’est plus question de lutter pour vivre, mais de lutter pour survivre.
La honte. Face à la grave insécurité alimentaire, les communautés Antandroy sont amenées à faire des gestes allant à l’encontre de leur dignité, poussées par la faim. «Les Antandroy sont de fervents producteurs agricoles. Ils n’ont pas d’argent, mais ils ne sont pas pour autant pauvres. Ils avaient toujours à manger avant l’existence de la sécheresse. Pour eux, la richesse est classée par ordre hiérarchique. Ils sont assez riches quand ils ont des bovidés, des cheptels… Ils peuvent ainsi les vendre en cas de problème. Et le bien ayant le maximum de valeur regroupe les ustensiles de cuisine. Ceux-ci ne doivent donc pas être mis en vente, en aucun cas. Le fait d’apercevoir des foyers vendant ces types de biens constitue une vraie honte, mais prouve en même temps l’existence du keré. Pourtant, à l’heure actuelle, les Antandroy n’hésitent plus à commercialiser tous ce qu’ils ont dans leur foyer», confie Fiandraza, chef de région Androy. L’insécurité alimentaire s’y intensifie d’année en année puisque que la durée des périodes de soudure ne cesse de se prolonger, surtout avec le phénomène Elnino, selon les techniciens. Ce qui favorise les phénomènes d’émigration et de décapitalisation des patrimoines des ménages. Les marmites et les vaisselles sont alors étalées sur les marchés pour être vendues à moindre prix…
Solution durable? Dans la commune d’Anjampaly, district de Tsihombe, région Androy, les populations mettent souvent sous leurs dents, à la place du riz, des feuilles de cactus rouge mélangées avec du cendre, et du tamarin toujours avec la même composante. «Quand nous n’avons rien à avaler, nous buvons seulement de l’eau chaude. Désespérés, nous nous efforçons de manger les feuilles de cactus rouge, malgré les risques d’épidémies», témoigne Nasany, une mère de famille habitant dans la commune en question. Face à toutes ces épreuves, les habitants et les autorités dans le Grand Sud ne se lassent pas de lancer un appel à l’aide à l’endroit de l’Etat, quant à la mise en place d’une solution durable pour éradiquer enfin le kéré. Quand bien même, plusieurs activités y sont entreprises par les intervenants contre la faim, mais les résultats laissent toujours à désirer.
Arnaud R.