La crise alimentaire dans le Sud Madagascar est « la première famine au monde due au changement climatique ».
« Madagascar est le premier pays confronté à une détresse alimentaire liée au réchauffement climatique… La crise de la faim qui sévit depuis plus d’un an dans le Sud du pays pourrait s’aggraver dans les mois à venir ». C’est en ces termes, relayés sur le site d’information des Nations Unies que le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti d’une probable détérioration de la situation alimentaire dans le Sud de Madagascar.
La situation alimentaire dans le Sud de Madagascar pourrait se détériorer gravement durant la période de soudure. Selon les derniers résultats du Cadre Intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC) en avril 2021, le nombre de personnes se trouvant à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, soit dans la phase 3 de l’IPC ; d’urgence (phase 4) ou de faim catastrophiques (phase 5, soit la phase la plus élevée), est en augmentation. D’après les constats du PAM, « c’est la première fois que des personnes sont enregistrées en Phase 5 à Madagascar depuis l’introduction de la méthodologie IPC en 2016 ». En d’autres termes, il a été observé des personnes se trouvant dans une situation de catastrophe. Faut-il rappeler que le Sud de Madagascar compte plus de 1,3 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire, dont 30 000 se trouvant dans une situation extrêmement grave. En l’absence d’assistance alimentaire d’urgence, près de 500 000 enfants souffrent de malnutrition, dont 110 000 exposés à des risques de décès. Selon le directeur adjoint du PAM à Madagascar, Arduino Mangoni, le nombre de personnes exposées au risque de grave crise alimentaire sera probablement en augmentation avec l’arrivée de la période de soudure. S’étalant généralement de novembre à mars, la période de soudure signifie une disponibilité moindre des produits alimentaires, en attendant la période de la prochaine récolte. Avec l’intensification de la sécheresse, les récoltes deviennent hypothétiques.
Sécheresse, Tiomena et criquets. Des ressources supplémentaires sont alors nécessaires. Raison pour laquelle le PAM a lancé un appel de 69 millions de dollars pour financer l’aide humanitaire durant la période de soudure. Selon toujours le PAM, la crise alimentaire dans le Sud de Madagascar est attribuée au changement climatique. Cette partie de la Grande île est la seule région au monde où la situation de grave crise alimentaire, voire de famine, est liée au climat et non le résultat de conflits armés comme c’est le cas pour le Soudan du Sud et le Yémen. Quatre années consécutives de sécheresse ont eu raison des efforts des agriculteurs, causant un faible accès des populations à la nourriture. S’y ajoutent le phénomène Tiomena (tempête de sable et de poussière), les invasions acridiennes et les effets de la pandémie.
Face à cette situation extrêmement inquiétante, le PAM a déjà enclenché la vitesse supérieure depuis septembre dernier, en intensifiant ses programmes de nutrition. A partir de décembre de cette année, l’organisation compte augmenter le nombre de personnes bénéficiant d’assistance alimentaire, jusqu’en avril 2022.
Recueillis par Hanitra R.
