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mercredi, juillet 9, 2025
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Khat : La boutique verte envahit la pointe du pays

Le khat est cher à Nosy-Be, mais attire des clients fidèles.

À la Gare routière, au marché, dans les tuk-tuk, la population de la partie nord de Madagascar a toujours la joue gonflée. Les gens en mâchent tous les jours, de l’après-midi jusqu’au soir. Un peu amer mais appréciée parce qu’elle est en quelque sorte un remontant pour les jeunes. Feuille de connaissance pour les uns, drogue douce pour les autres, elle réunit les habitants des deux régions notamment Diana et Sava.

Venant de la corne de l’Afrique

Mastiquer cette feuille est désormais une culture dans ces contrées. Mais d’où vient cette herbe si précieuse ? Selon les historiens et les documents consultés, elle a été importée par les ouvriers yéménites et les somaliens dans la région septentrionale de Madagascar au début du XXè siècle. En espérant avoir une meilleure vie, ces immigrants sont venus dans la Grande île pour y travailler. Ils ont non seulement emporté leurs bagages mais aussi leur « culture ». En effet, chez les Yéménites, l’habitude est si bien et si anciennement enracinée qu’ils l’emportent avec eux quand ils émigrent dans d’autres pays. « C’est ainsi qu’ils introduisirent, par exemple, la mastication du khat à Madagascar ; elle fut diffusée ensuite par les Comoriens musulmans. La consommation de ce stimulant s’étend maintenant à Madagascar, du Cap d’Ambre (pointe nord) à Sambirano dans le nord-est. Grâce aux anciens débardeurs yéménites, sa consommation fut aussi introduite chez les Tankarana, peuple du nord de la Grande île, qui adopta l’Islam en 1841…», explique Charlotte Radt dans son article : Contribution à l’histoire ethnobotanique d’une plante stimulante : le khat.

Ces immigrants, une fois bien installés, influencent la population locale notamment ceux qui pratiquent la religion musulmane. Entre les années 1920 et 1960, à l’origine, la pratique concerne ne que la communauté musulmane, et une communauté restreinte durant de nombreuses décennies. Ensuite, elle s’est étendue les années suivantes. « En effet, jusqu’au départ des Français, dans les années 1960-1970, les communes de Joffreville et d’Antsalaka, aujourd’hui premières productrices de la feuille psychotrope, étaient les principaux fournisseurs de fruits et légumes de la province nord, et en particulier de la ville de Diégo-Suarez. Durant cette période, la production battait son plein, et les paysans malgaches impliqués dans ce commerce parvenaient même à vivre honorablement de la culture maraîchère », explique le géographe Vincent Minquoy.

Facteur de ralentissement économique

Alors, depuis les années 1990, le khat est devenu l’emblème de la région du nord. Tout le monde y a déjà goûté au moins une fois dans sa vie. Et tout le monde se comprend. Cependant, ce produit est également un fléau pour la région du nord. Elle crispe l’économie. Les jeunes ne travaillent que la matinée. Antsiranana semble sombrer dans l’inactivité l’après-midi. La population ne fait que courir après l’« or vert ». Ce qui implique la paralysie des activités dans la province d’Antsiranana en général et dans la ville du Pain du Sucre en particulier.

À Nosy-Be, ça vaut de l’or !

Une dizaine de tiges est vendue entre 12 000 et 20 000 ar dans la capitale Bemihisatra. Le journaliste local Bebel Betombo avance : « C’est cher car les vendeurs doivent payer les frais de transport ainsi que les dockers. En fait, c’est en provenance d’Antsalaka (Diego-Suarez). Donc, la marchandise passe par Ambilobe ensuite Ankify ». Oui, comme leurs frères de la «Grande-Terre», le «paquet vert» figure parmi les produits de première nécessité.

Recours dans la SAVA

En coulisses, les affiliés de la filière ne savent plus quoi faire. Pour les planteurs, il faut agir en attendant, trouver une autre alternative pour survivre. Que planter à la place de la vanille ? Un responsable de la ville de Sambava s’est entretenu avec un « commerçant vert », qui lui a raconté qu’avant il était commissionnaire de vanille mais qu’il a dû se reconvertir dans le business de khat qui est actuellement la seule issue. Selon lui, il y a une demande au niveau local. Ainsi, les feuilles sédatives inondent le marché. Les habitants préfèrent les mastiquer afin de s’anesthésier.

Iss Heridiny

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