La visite du tombeau familial faisait partie de la culture malgache bien avant l’arrivée des missionnaires catholiques dans le pays. Famadihana dans les régions des Hautes Terres Centrales, famangiana fasana pour les autres groupes humains, la pratique diffère d’une région à une autre. Avant d’y aller, la famille consulte un astrologue ou encore un devin-guérisseur pour connaître le jour idéal. Ce sera en fonction de la position des astres qu’elle pourra se rendre à la sépulture. Les objets de rituel, à savoir l’alcool, le miel, la poudre de tabac, sont recommandés. Une fois sur les lieux, le patriarche issu de la lignée prend la parole et invoque les noms des ancêtres. En général, le discours est comme suit : « À Dieu qui nous a créés, aux ancêtres qui nous ont enfantés, nous sommes ici parmi vous, devant la tombe de notre bien-aimé qui nous a quittés. Nous demandons votre grâce », après avoir cité cette formule, il poursuit, « Oh toi, notre bien-aimé ! Nous sommes là. C’est vrai, tu n’es plus parmis nous, désormais aux côtés de nos ancêtres. Mais en ce jour, nous sommes venus te rendre hommage. Alors, nous avons apporté du miel, du tabac ainsi qu’une bouteille d’alcool pour que tu sois sacré comme nos aïeux ». Ensuite, les adolescents et les hommes désherbant la dernière demeure pendant que les femmes préparent à manger, du riz et de la viande de zébu. La cérémonie dure entre une journée et une semaine selon les ressources financières. En outre, le rituel peut être anticipé si un membre de la famille reçoit une prédiction qui se manifeste par un rêve. Bezaha, un traditionaliste explique : « D’après la croyance malgache, lors du sommeil, l’esprit s’envole quelque part dans la nature. Parfois, il rencontre celui des défunts. D’autre part, le rêve peut être énigmatique. Dans ce cas, la famille doit chercher une personne qui sait interpréter les rêves ». L’arrivée massive des missionnaires catholiques sur les zones littorales de la Grande Île à la deuxième moitié du XIXe siècle va peu à peu mettre en mutation la tradition. Il est vrai qu’au début, les autochtones n’appréhendent guère la culture importée, mais au fur et à mesure, surtout durant la colonisation, les Malgaches se sont laissés de plus en plus influencés… Sans conteste, la Toussaint est une fête catholique durant laquelle les fidèles célèbrent « tous les Saints », toutefois, dans la Grande Île, la fête prend une dimension particulière. Une mutation s’est imposée. Dans certaines localités, les habitants s’habillent en tenue traditionnelle, apportent avec eux du miel, de l’alcool, quelques pièces de monnaie et procèdent à un rituel, une Toussaint à la Malgache. Au fin fond de la campagne, le 1er novembre est un jour férié, les agriculteurs et les pasteurs ainsi que les artisans quittent le village en direction du boulevard des allongés.
Iss Heridiny
A Tana, c’est aussi un jour pour apporter des fleurs pour décorer la tombe ou les cimetières de nos proches, pour nettoyer l’extérieur ou désherber, et faire de ce lieu un endroit digne.
Et évidemment, les fifohazana qui ont l’habitude de tout critiquer, n’approuvent pas ces coutumes qui n’ont rien de païens.
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