En fait, le colisée dans l’enceinte du Rova d’Antananarivo ne serait qu’un élément d’un Disneyland malagasy. L’idée de base est de faire à partir d’un mélange de péplum et de pièces de musée réelles, un parc d’attraction unique au monde. Monté à partir de pastiches et des arts de l’histoire, les vrais palais ressembleraient à s’y méprendre aux châteaux historiques en carton-pâte des autres Disneyland de Californie, d’Hong Kong de Paris ou d’ailleurs. En gros, c’est faire du business sur le dos du patrimoine historique en adoptant la célèbre maxime publicitaire « Elles sont tellement vraies qu’elles sont fausses ».
L’objectif de cette production est de faire d’un bloc de béton deux coups. L’un politico- culturel et l’autre tout bonnement « économique ». Avouez que l’on peut joindre l’utile à l’agréable.
D’abord, se donner l’image de restaurateurs des vestiges du passé, attirant ainsi l’adhésion des nostalgiques d’une souveraineté perdue, retrouvée, revisitée mais, en mode passé « simple », ne se satisfaisant que les acquis aux allusions de la connaissance. On y verra l’amalgame du réel et de l’imaginaire en image numérique et en 3D bien sûr, des grandes lignes de l’histoire du pays à travers les faits réels plus ou moins romancés, par exemple, un Radama I amoureux transi attendant sa belle Rasalimo à Miandrivazo, avec en sourdine la musique de Bessa. Mais, l’actualité comme prolongement du passé ne sera pas en reste et on ne manquera de rappeler que les aménagements d’antan comme ceux de la plaine du Betsimitatatra sont comparables aux grands projets d’aujourd’hui. Le matérialisme étant l’ADN de la génération la plus agissante du moment, le côté mercantile sera l’étau pour supporter l’ouvrage.
Puis, du côté économique, la destination Madagascar sera promue du point de vue touristique. On peut faire confiance aux talents de communicateur des promoteurs du projet pour y arriver. Les attentes d’effets induits directs et indirects d’arrivées massives de touristes étrangers, seront bien entendu mises en avant. L’argument création d’emplois dans les infrastructures et services touristiques sera largement étalé ; l’effet d’attraction du parc, bénéficier aux autres composantes du tourisme (balnéaire, culturel, découverte etc…) et pourquoi pas améliorer l’attractivité du pays aux investisseurs en général, diront-ils.
Ce colisée fait l’objet actuellement de polémiques parce que, nombreux sont contre sa présence incongrue dans une enceinte qui symbolise un sanctuaire historique que l’on doit garder intact, le pouvoir va-t-il céder à cette pression ? Il devrait réfléchir à deux fois au lieu de dire comme Dostoïevski : »Mais bon, c’était lancé, réglé comme papier musique. », in Sale Histoire, et pour ne pas être affublé de mégalo…
M.Ranarivao