Les semaines se suivent et se ressemblent. La lassitude des Malgaches est perceptible, mais elle ne se voit que lorsqu’ils sont en famille ou en petit comité. La vie ne les épargne pas. La hausse continuelle du coût de la vie, le rythme monotone de leur journée où ils sont occupés à chercher leurs moyens de subsistance, les kilomètres d’embouteillage qui encombrent les rues de la Capitale ne leur arrachent pas ce sourire qui a fait leur réputation. Le chef de l’État qui était l’invité de notre rubrique « À vous la parole » a dit ressentir ce mal-vivre de ses concitoyens. Avec le gouvernement qu’il dirige, il cherche tous les moyens pour amoindrir l’impact de cette inflation galopante. Malgré les efforts déployés, les résultats paraissent mitigés. L’opposition peut donc se permettre de placer ses banderilles. Les critiques sont parfois justifiées, mais ceux qui soutiennent le pouvoir leur rétorquent que « la critique est aisée, mais l’art est difficile » et que ceux qui en font partie ont beau jeu de leur jeter la pierre alors qu’ils ne sont pas aux affaires. L’opinion entend les remarques faites par certains opposants sachant bien argumenter leurs propos et les reprend à son compte. Est-ce la raison pour laquelle les autorités suivent de près les déplacements de Tiako i Madagasikara et de son président Marc Ravalomanana, et qu’elles interdisent les rassemblements organisés à cette occasion ? Cette attitude est brocardée par certains animateurs d’émission politique à la radio. Ils ne se privent pas de tirer parti de ce qu’ils qualifient d’excès de zèle des représentants du pouvoir. Ces interdictions s’expliquent peut-être par l’existence de points chauds qui peuvent se transformer en embrasements. La situation dans les universités est plus que précaire. Les enseignants, les PAT et les étudiants sont très remontés contre les autorités de tutelle et sont prêts à paralyser les universités. À Tolagnaro, les manifestations autour de QMM sont de plus en plus violentes. Elles ont fait des blessés parmi les forces de l’ordre tentant de faire lever les barrages des populations aux alentours.
Le front ukrainien s’est, semble-t-il, stabilisé ces derniers jours. Les forces russes se sont repliées de plusieurs positions qu’elles tenaient. Les Ukrainiens peuvent se targuer d’avoir reconquis de nombreux villages que leurs adversaires ont abandonnés. Les observateurs sont plutôt circonspects et restent prudents dans les avis qu’ils émettent car les Russes sont en train de réorganiser leur stratégie. Personne ne peut prédire ce que sera la suite de cette guerre. Les Américains et les Européens ont, certes, renforcé leurs aides aux Ukrainiens mais les Russes ont encore à leur disposition de nombreuses ressources tirées de la vente du pétrole et du gaz. La situation peut évoluer dans un sens ou dans l’autre.
En France, la campagne des élections législatives bat son plein. Le camp présidentiel s’est réorganisé. La République En Marche (LREM) s’est fondue dans la Renaissance, le nouveau regroupement qui préfigure la future majorité soutenant Emmanuel Macron. La NUPES et le RN, situés à gauche et à droite de l’échiquier politique ne se font aucun cadeau et ambitionnent, chacun, de devenir la force d’opposition principale au président de la République. Le chef de l’État organise sa stratégie méthodiquement. Il a nommé une femme dont la compétence ne se discute pas. Elisabeth Borne est polytechnicienne et a occupé plusieurs fonctions ministérielles. Elle vient de la gauche.
La résilience des Malgaches fait l’admiration de tous les observateurs étrangers. Ils restent stoïques dans les épreuves qu’ils traversent. C’est de cette qualité dont ils font preuve actuellement. Ils affrontent les problèmes actuels avec un certain calme, pour ne pas dire avec résignation. Ils croient sans se faire trop d’illusion que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.
Patrice RABE