Le carcan enserrant le mouvement du collectif des onze candidats donne l’impression de se desserrer lentement, mais elle est peut-être trompeuse. Les tentatives faites pour le faire dérailler se sont multipliées depuis le début de la semaine, mais ce fut en pure perte. En cette fin de semaine, les manifestations ont repris de plus belle et les participants aux marches pacifiques sont toujours aussi nombreux. Durant ces cinq jours, ils ont affronté de nombreuses épreuves mais ils ont gardé un moral à toute épreuve, convaincus de la justesse du combat mené. Les provocations des partisans du candidat n°3 ne les ont pas fait vaciller. Les coups assénés par ces « gros bras » ont blessé quelques-uns d’entre eux, ce, sans que les forces de l’ordre interviennent. Tout le monde s’était dit que les responsables de l’ordre public s’étaient ressaisis, ce mercredi, puisque les éléments de la police ont joué pleinement leur rôle, en encadrant le cortège des manifestants. Les perturbateurs ont été repoussés et la manifestation du collectif des candidats a pu drainer une immense foule et exprimer librement ses convictions. Cependant, le pouvoir froissé par les remarques de la communauté internationale a durci sa position. La répression dont ont été victimes les manifestants le lendemain à Itaosy a été d’une grande brutalité. Son bilan fut très lourd : des blessés, des enfants suffoquant à cause du gaz lacrymogène. Cette action disproportionnée des éléments de la gendarmerie a suscité l’incompréhension de l’opinion et n’a pas amélioré l’image du pouvoir à l’extérieur. Ce dernier a aussi fait pleinement fonctionner ses réseaux de communication pour essayer de casser la dynamique du mouvement du collectif des candidats. La désinformation qui a été véhiculée n’a cependant pas atteint ses objectifs, les « fake news » étant détricotées. Le mouvement a encore pris plus d’ampleur puisque de nombreux syndicats l’ont rejoint. Hier, c’est une véritable armée qui a été déplacée pour impressionner les manifestants, mais aucun incident n’a eu lieu.
Sur le plan international, c’est bien évidemment la situation au Proche Orient qui focalise l’attention. Toute la communauté internationale retient son souffle, ne sachant pas la manière dont évoluera le conflit entre Israël et le Hamas. La tragédie, qui a eu lieu, a radicalisé les positions des deux camps. Le massacre de centaines d’Israéliens par des militants du Hamas a soudé une population qui a eu l’impression de revivre les heures les plus sombres de son histoire. La mobilisation de plusieurs centaines de milliers de réservistes s’est faite rapidement et l’armée est sur le pied de guerre, prête à agir et à opérer dans le territoire de Gaza. Mais la destruction d’un hôpital gazaoui par un engin explosif, faisant plusieurs victimes a brusquement envenimé la situation. Tous les yeux se sont d’abord tournés vers l’État hébreu qui s’est défendu d’avoir envoyé un missile. Des sources auprès des services de renseignement ont affirmé que c’est une bombe du Djihad islamique, la responsable. Le mal est cependant fait, pour la rue arabe, c’est Tsahal qui est accusée. Le président Joe Biden, venu à Jérusalem, a dédouané les Israéliens et a apporté le soutien de l’Amérique. Les observateurs sont maintenant dans l’attente du déclenchement des opérations militaires de l’armée israélienne.
La presse internationale parle moins de ce qui se passe sur le front russo-ukrainien, mais la guerre continue. Les positions semblent gelées pour le moment. Il n’y a pas d’avancée notoire des armées en présence.
La crise politique malgache est bien réelle et elle ne peut pas être minimisée. La détermination du collectif des candidats est en train de se heurter au durcissement du pouvoir qui sent la situation lui échapper. Ce dernier a décidé de réagir et a, par la voix de son préfet, soumis toute manifestation publique à une demande d’autorisation. La mobilisation des forces de l’ordre, même si elle n’a pas eu l’effet dévastateur du jeudi, a été impressionnante. Nul ne sait comment elles seront utilisées dans les jours à venir. On a l’impression d’assister à une fuite en avant.
Patrice RABE