Ambohipo, Andravoahangy, 67ha, …………. La liste des quartiers où la population se rue sur les malfaiteurs qui ont été attrapés et qu’elle lynche sans aucun état d’âme. C’est une litanie qui est égrenée depuis un bon moment et qui se trouve dans la colonne des faits divers. On se rend compte que la justice populaire est une pratique qui est maintenant entrée dans les mœurs et qu’elle semble laisser indifférents les Malgaches chez qui le sentiment religieux est profondément ancré.
La justice populaire, Un phénomène de société
La société malgache a profondément évolué avec la détérioration de ses conditions de vie. Néanmoins, c’est tout un contexte qui a fait évoluer ce sens du « fihavanana » et de l’esprit d’humanité qui devrait la caractériser. Les Malgaches sont devenus aigris et particulièrement vindicatifs depuis que leur niveau de vie a baissé. La pauvreté s’est installée et ils ne supportent pas qu’on les dépouille de leurs biens. Ils sont victimes de vols à la tire et d’attaques à mains armées qui les laissent impuissants. C’est toute cette frustration qui s’exprime lorsqu’un malfaiteur est appréhendé. Le phénomène de foule amplifie la violence des réactions. C’est sans aucune pitié que les personnes sur place s’acharnent sur le voleur pris sur le fait. Le sentiment de haine est réel et on peut parler d’une sorte d’exutoire. Cette habitude va aller en s’amplifiant car elle reflète un certain mal de vivre. Elle reflète l’inconfort moral s’étant installé. Les crises qui se sont succédé et qui ne vont pas se résoudre rapidement ont laissé des traces. Les Malgaches ne voient pas de solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Ils ne supportent pas qu’on vienne leur prendre le peu qui leur reste. C’est tout leur environnement qu’il faut assainir pour retrouver un climat d’apaisement. Le lynchage est devenu une pratique qui ne dérange plus les Tananariviens.
Patrice RABE