samedi, avril 19, 2025
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La majorité à géométrie variable à l’Assemblée nationale

La majorité à géométrie variable à l’Assemblée nationale favorise le mercenariat politique de certains députés.
La majorité à géométrie variable à l’Assemblée nationale favorise le mercenariat politique de certains députés.

L’expression « Majorité à géométrie variable » a été utilisée pour la première fois à Madagascar par le pasteur Richard Andriamanjato, président de l’Assemblée nationale pendant la première partie de la Troisième République. Il a eu recours à l’expression pour qualifier l’absence d’une majorité stable à Tsimbazaza. Une situation qui a favorisé à l’époque l’empêchement du président Albert Zafy. Presque 20 ans après, l’expression « majorité à géométrie variable » refait surface. Elle est appropriée pour décrire la situation qui prévaut à l’Assemblée nationale depuis l’ère Rajaonarimampianina.

Fictive et occasionnelle. «Il n’y a pas une majorité stable et fiable à l’Assemblée nationale. Si une majorité existe, elle est fictive et occasionnelle. Elle se forme suivant les évènements. », a expliqué le député élu à Antalaha, Laisoa Jean Pierre dit Jaovato. Ce dernier de dire pourquoi : « C’est à cause des élections présidentielles et législatives  jumelées de 2013. Le président Hery Rajaonarimampianina qui était candidat au deuxième tour des Présidentielles n’a pas encore pu présenter ses hommes aux Législatives. Autrement dit, le HVM qui n’est devenu parti politique qu’après la victoire de Hery Rajaonarimampianinan’a pas encore eu ses candidats, contrairement aux dernières Communales et aux Sénatoriales. »

Répartition des députés par groupe parlementaire.  Après les Législatives de 2013, les 151 députés se répartissent dans les groupements parlementaires comme suit : 26 pour le HVM (ce sont tous des députés indépendants), 21 pour le TIM, 26 pour le GPS (ce sont des députés indépendants), 49 pour le Mapar dont 32 pour le Mapar I et 17 pour les Mapar II et III ( les députés de Mapar II et III sont des députés élus sous les couleurs du Mapar mais ils soutiennent le président Hery Rajaonarimampianina), 15 pour le VPM-MMM,  6 pour « Hiaraka Isika » et 5 pour le « Leader-Fanilo ». Il y a des partis politiques qui n’ont chacun qu’un seul député dont le Patram, le MTS, le parti Vert et les « AS ». Les 91 députés qui ont signé le fameux mémorandum de stabilité proposé par le président de la République sont issus du HVM, du Leader Fanilo, du GPS et des MAPAR II et III.

Instabilité et mercenariat politique. Faute de majorité stable, de nombreux députés qui forment avec le HVM la majorité présidentielle versent dans le mercenariat politique. « Ces élus n’ont pas de conviction politique. Ils fonctionnent suivant leurs intérêts particuliers. C’est le cas de certains députés membres des groupes parlementaires GPS et MAPAR II et III. Ils sont irresponsables. Et ce contrairement aux 21 députés TIM qui sont fidèles à la position qu’ils prennent. Actuellement quelques-uns et quelques-unes de ces députés veulent être ministres ou membres du bureau permanent de l’Assemblée nationale » affirme le député Laisoa Jean Pierre. L’élu d’Antalaha estime que la conduite des élus du GPS et du MAPAR II et III sont source d’instabilité à la Chambre Basse. Nos investigations ont permis de savoir qu’il faut distribuer de l’argent à ces « mercenaires politiques » si l’on veut faire passer quelque chose à l’Assemblée nationale.

Problème de communication.L’absence d’une majorité stable et le mercenariat politique ne sont pas les seules sources d’instabilité  à l’Assemblée nationale. A entendre le député Laisoa Jean Pierre, le problème de communication entre le président de la République et le président de l’Assemblée nationale y a aussi sa part de responsabilité. « Il n’est pas normal que deux chefs d’Institution  qui ont un rôle primordial à jouer dans un régime semi-parlementaire ne soient pas en contact pendant trois mois. Et je peux affirmer que c’est ce manque de communication qui était à l’origine de la motion de déchéance votée contre le président de la République. Car après la résolution des assises de la réconciliation nationale d’Ivato qui a recommandé la dissolution de toutes les Institutions, le président de l’Assemblée nationale et les députés ont voulu demander l’avis du président de la République, mais celui-ci n’a pas voulu satisfaire cette demande.  Par précaution, les députés ont voté sa mise en accusation »,déplore l’élu d’Antalaha.

 

Le député Jaovato propose des Législatives anticipées.
Le député Jaovato propose des Législatives anticipées.

« Les Législatives anticipées sont la solution »

Deux options sont possibles si l’on veut mettre fin à l’instabilité politique à l’Assemblée nationale. Soit on procède à la dissolution de l’Assemblée nationale, soit on révise l’actuelle Constitution, notamment son article 54 qui oblige le président de la République à nommer le Premier ministre présenté par un parti ou un groupe de parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Pour le député Laisoa Jean Pierre, la première option est moins risquée et moins bouleversante car s’il faudra passer du régime semi-parlementaire à un régime présidentiel, on devrait normalement changer de République, c’est-à-dire de la Quatrième à la Cinquième République. Par contre, l’élu d’Antalaha de nuancer sa position : « Mais, la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation de Législatives anticipées ne devraient pas être dans l’immédiat, sinon elles risquent d’aggraver l’instabilité  en cette période où nous envisageons d’organiser les Régionales et les Provinciales. Dissoudre aujourd’hui la Chambre Basse, c’est faire reculer le processus de sortie de crise. »

Pacte de responsabilité. Le député Jaovato de proposer : « Si j’étais à la place du président de la République, je dissoudrais l’Assemblée nationale un an avant l’expiration de mon mandat, c’est-à-dire fin 2017. Etant au pouvoir, je suis sûr que le président de la République aura la majorité à l’issue des Législatives anticipées. Et les députés HVM nouvellement élus assureront la victoire de Hery Rajaonarimampianina aux Présidentielles de 2018. » Mais, pour qu’il y ait stabilité pendant la période de deux ans avant les Législatives anticipées, le député Laisoa Jean Pierre suggère l’élaboration du pacte de responsabilité recommandé par la HCC. « D’ailleurs, c’est une décision de justice. », rappelle-t-il. Avant de préciser : « Le pacte de responsabilité n’est pas l’affaire des partis politiques. C’est uniquement entre le président de la République et l’Assemblée nationale. Les deux Institutions doivent s’engager à agir en faveur de la stabilité. » 

 

Jean Max Rakotomamonjy est un élément-clé du régime Rajaonarimampianina.
Jean Max Rakotomamonjy est un élément-clé du régime Rajaonarimampianina.

Un « Leader » au perchoir

L’absence de députés élus sous les couleurs du HVM lors des Législatives de décembre 2013 peut expliquer le fait qu’un député « Leader Fanilo » siège au perchoir. Il s’agit de Jean Max Rakotomamonjy. Le HVM a été obligé de composer avec les autres partis politiques qui soutiennent le président Hery Rajaonarimampianina dès le début. Le « Leader Fanilo » figure parmi les partenaires fidèles du HVM depuis les Présidentielles de 2013. « Le Leader Fanilo est le seul parti politique qui restait honnête et fidèle au président Hery Rajaonarimampianina depuis le 1er tour des Présidentielles jusqu’à présent. La présence de Jean Max Rakotomamonjy à la tête de l’Assemblée nationale n’est contestée ni par le président de la République, ni par le HVM », affirme un membre du bureau national du parti « Leader Fanilo ».

Tentatives de destitution. Quoi qu’il en soit, Jean Max Rakotomamonjy et le bureau permanent de l’Assemblée nationale ont fait à plusieurs reprises l’objet de tentatives de destitution fomentées surtout par des têtes pensantes des groupes parlementaires Mapar II et III. Les tentatives ont toujours été confrontées au problème de nombre. Car pour pouvoir destituer le bureau permanent de la Chambre Basse, il faut le vote positif des 2/3 des députés. Ce qui est une utopie jusqu’à présent. Bref, à l’Assemblée nationale comme au nouveau Sénat, le président de la République a adopté une politique d’ouverture. Des personnalités non HVM siègent à la tête de ces deux Institutions qui jouent des rôles politiques stratégiques dans un régime semi-parlementaire comme Madagascar.

Victoires et échec

La majorité présidentielle n’a pas toujours réussi ses coups à l’Assemblée nationale. Pas plus tard que lors de l’adoption de la Loi de Finances pour 2016, les députés du groupe parlementaire Mapar I dirigé par l’élue d’Ambatofinandrahana ont contribué à sa victoire sans appel. Quelques semaines avant cette victoire écrasante, la majorité présidentielle a connu un échec cuisant. C’était lors de l’élection du représentant de l’Assemblée nationale dans la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). L’Etat a présenté son candidat, mais c’est le candidat des opposants, Thierry Rakotonarivo, qui a été élu.

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