Dans une démocratie, le régime en place ne doit pas craindre les critiques. Et il peut même voir sa légitimité renforcée s’il sait y répondre avec des arguments probants. A Madagascar, les dirigeants qui se sont succédé n’ont jamais toléré d’être mis sur la sellette, et ceux qui interpellaient ces derniers ont croupi en prison. Aujourd’hui, les temps ont changé et un vent nouveau est en train de souffler. Certaines vérités peuvent être dites, mais elles doivent être parfaitement argumentées. Mais cette liberté de s’exprimer a des limites.
La nécessité de pouvoir interpeller les dirigeants
Le nouveau régime dès son installation a affirmé vouloir se démarquer totalement de celui qui l’a précédé , et s’est dit désireux d’instaurer une véritable démocratie. Les élections lui ont apporté une majorité écrasante à l’Assemblée, mais elle est en butte aux critiques d’une partie de l’opinion. Cette dernière a besoin de porte- paroles. Elle se sent pour le moment orpheline. Elle pourrait se reconnaître dans une opposition structurée et bien installée. Pour le moment, cette dernière n’a pas de moyen de se faire entendre . Et pourtant, même si on ne peut pas se comparer aux démocraties occidentales, il serait utile d’avoir une opposition sachant débattre de tous les sujets brûlants du moment. Dans les pays européens, les dirigeants ne craignent pas d’être interpellés quand des problèmes surgissent. Les abus de pouvoir sont régulièrement dénoncés. Il faut voir avec quelle virulence le président Macron est pris à partie par ses adversaires. Mais cela lui permet de corriger ses erreurs. A Madagascar, on n’en est pas encore là. Il est nécessaire de laisser les représentants du peuple s’exprimer librement. Si leurs critiques sont constructives, cela ne peut que servir les dirigeants et leur permettre une remise en cause nécessaire. On est encore au début d’un processus dont la mise en place va prendre du temps.
Patrice RABE