Les forces de l’ordre n’ont pas empêché les manifestants de se réunir sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Elles n’ont pas dispersé ce rassemblement qui était pourtant interdit car elles n’ont pas voulu s’opposer à des citoyens désirant user de leur droit à la parole. La place du 13 mai est devenue le réceptacle de tous les témoins des anomalies de ce deuxièmetour de l’élection présidentielle. Les dénonciations ont été faites de manière directe et ont été faites en prélude au dépôt de requêtes à la HCC, seule souveraine à statuer en matière de contentieux électoral.
La place du 13 mai a retrouvé son rôle historique
Le risque d’affrontements avait été évoqué depuis plusieurs jours. Les mises en garde du préfet avaient été multipliées pour dissuader les partisans de Marc Ravalomanana de venir sur le parvis de l’Hôtel de Ville et à la fin, une interdiction de manifestation avait été prise. Mais cela n’’a pas dissuadé les manifestants de venir. C’est une foule déterminée, mais ne manifestant aucune agressivité que les forces de l’ordre ont eu devant eux. Leurs responsables ont compris qu’ils avaient devant eux des citoyens responsables et après discussion avec les représentants des manifestants, ils ont décidé de ne pas s’opposer à ces hommes et ces femmes désirant s’exprimer librement. Les autorités ont laissé le meeting se tenir, se contentant de dire que les éléments sur place n’interviendraient qu’en cas de débordement. Tout s’est bien passé, la sécurité étant parfaitement assurée par les manifestants eux-mêmes. Les différents orateurs qui se sont succédés sur l’estrade ont donc pu dénoncer les anomalies et les malversations qui ont émaillé cette élection. La place du 13 mai a retrouvé son rôle historique. Les révélations se sont multipliées et les témoins qui se sont dressés ont multiplié les dénonciations, Ces propos s’ils s’avèrent exacts vont être lourds de conséquence, car ils vont appuyer les requêtes déposées à la HCC. Les juges constitutionnels vont avoir du pain sur la planche, car ils devront examiner plusieurs milliers de recours avant de publier les résultats officiels. Ils sont le dernier recours pour avoir une élection libre et transparente.
Patrice RABE