Le «Tsy iamboho adidy aho » du colonel Ratsimandrava a eu quarante ans hier. Cette phrase du ministre de l’Intérieur du gouvernement Ramanantsoa prononcée en recevant les pleins pouvoirs qu’on lui remettait pour prendre la tête du gouvernement, est ancrée dans la mémoire des gens. Comme celle célèbre d’Andrianampoinimerina « Ny ranomasina no valam-parihiko » qui est une référence historique, celle du Colonel de gendarmerie qui perdra la vie dans un attentat six jours après l’avoir prononcée, en est devenue une. Mieux, elle témoigne la volonté, le courage et la bravoure de celui qui l’emprunte et le dit.
La politique autrement
40 ans après cette remise de pouvoir entre deux militaires pour la conduite de l’Etat, Madagascar n’a pas encore vraiment décollé. Les régimes se sont succédé avec les illusions de développement. Beaucoup de gens pensent que le pays n’a jamais cessé de régresser. En effet, le pouvoir d’achat poursuit sa chute tandis que le coût de la vie augmente pour la majorité de la population. Les crises cycliques ont toujours alourdi la facture. Mais elles arrivent comme si elles sont devenues irréversibles. On se demande encore aujourd’hui après les cinq ans de transition qui ont accru les difficultés économiques et sociales s’il sera facile de relever un pays dans un climat politique encore instable. Et ce, malgré la volonté affichée du nouveau régime issu des élections démocratiques, de reconstruire le pays sur des bases nouvelles. La politique, celle mauvaise, qui n’a favorisé de tout temps que l’irresponsabilité, les hostilités et les intérêts particuliers, a mis à mal la première République qui a pris fin par le départ du premier président de la République de l’après indépendance. L’espoir de tout un peuple est revenu aussitôt, mais le temps d’une seconde République qui n’a pas tenu ses promesses et la pauvreté grandissante qu’elle a entraînée, et c’est de nouveau la déception et le retour à la case départ. La troisième République qui s’ensuivit n’a pas non plus emmené le souffle attendu. Et c’est de nouveau le retour à la case départ. Ainsi de suite. Dès qu’une lueur d’espoir apparaît, elle est tuée dans l’œuf par le jeu politique et ses calculs politiciens égoïstes. Le Général Ramanantsoa a été le parfait technocrate. Mais dépassé par les enjeux politiques, il a passé la main. Le Colonel Ratsimandrava qui lui succède sera éliminé quelques jours plus tard. Le pays doit se réveiller, il figure dans le peloton de queue du classement international des pays les plus pauvres du monde. Il est temps de se tourner vers l’avenir et de faire de la politique autrement. Le passé laisse des enseignements et des expériences qui doivent servir au changement et à la construction d’une nation moderne. Les dirigeants actuels s’y attèlent mais encore faut-il qu’ils sachent gérer au mieux des intérêts du pays, le jeu politique.
Zo Rakotoseheno