
52,7 % des Malgaches vivent dans l’extrême pauvreté. Une aberration face à l’immense richesse du sol malgache et son potentiel économique. Des études et des projets de développement menés à l’échelle globale et nationale ont montré que, la protection sociale non contributive fait partie des meilleurs moyens pour aider les populations touchées par l’extrême pauvreté à s’en sortir et réussir leur vie, notamment en Afrique-dont Madagascar, et en Amérique latine.
A Madagascar, un projet de filets sociaux de sécurité (FSS) mené par le Ministère de la Population de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF) depuis 2016 dans les régions les plus vulnérables de Madagascar a démontré en trois ans de mise en œuvre des résultats probants sur la vie des bénéficiaires-qui ont pu sortir de l’extrême pauvreté et créer ou saisir d’autres opportunités de développement et d’épanouissement, mais les défis restent énormes. Notamment en termes de financement, de mobilisation des leaders politiques et des bailleurs comme du public et de coordination : 433 millions USD sont encore nécessaires pour étendre d’ici 2023, le taux de couverture de 5% à 15%. Le plaidoyer pour une plus grande mobilisation des décideurs politiques est essentiel pour la réussite du projet, car notons que la contribution financière de l’Etat dans la mise en œuvre de ce projet de FSS et de la stratégie nationale de la Protection sociale (non contributive) ne représente que2 à 5% du budget nécessaire.
Coordination des projets. La coordination quant à elle s’est sensiblement améliorée. Irénée Ravelojaona, DG de la Protection sociale auprès du MPPSPF de rajouter : « Si auparavant des chevauchements et un éparpillement entre les projets et les parties prenantes ont été constatés. Actuellement la coordination s’est significativement améliorée, car le rôle de chaque partie est bien défini, tout comme les méthodologies de mise en œuvre. Un registre social et une base de données uniques sont même en cours d’élaboration, pour mieux structurer les informations et les démarches à venir. Ce qui a pour résultat final de produire plus d’impacts positifs sur les bénéficiaires ». Initié par le Ministère de la Population de la Protection sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF), ce projet est composé de trois programmes principaux : le Transfert monétaire pour le Développement humain (TMDH), l’Argent contre travail productif (ACTP) et les réponses aux crises. A titre informatif, notons que le FSS est un projet d’Etat, initié par le MPPSPF, co- financé par la Banque mondiale et le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF), et mis en œuvre par le Fonds d’Intervention pour le développement. Une descente de presse a été organisée dans le Vatovavy Fitovinany, une des régions bénéficiaires du TMDH et de l’ACTP, pour constater de visu les impacts des projets sur la vie des bénéficiaires.
Impacts et pertinences. Cette descente sur terrain a permis de constater que les opportunités de développement sont réelles pour Madagascar, car les Malgaches ayant la « niaque » et la soif de changement et de développement sont nombreux, en brousse comme en ville. Il « suffit » de se concentrer sur eux, pour amorcer progressivement un développement humain durable pour Madagascar. La pertinence des filets sociaux de sécurité que sont le TMDH et l’ACTP réside notamment dans le fait qu’ils aient mis à l’honneur l’aspect multisectoriel du développement et l’adéquation au contexte socio-économique local. Ainsi le TMDH promeut le bien-être, l’autonomie financière, la cohésion des familles, l’éducation et l’épanouissement de la petite enfance jusqu’au secondaire, grâce aux projets «Vatsin’ankohonana » (transferts monétaires conditionnés) ayant 39 000 bénéficiaires jusqu’à maintenant et « Let us learn » (LUL) (Allons étudier) faisant état de 8120 bénéficiaires à l’heure actuelle. Lucia, mère célibataire de six enfants à Andranovola Vohipeno, bénéficiaire du TMDH confirme : « Je venais de me séparer de mon conjoint, juste au moment où j’ai commencé à bénéficier des projets LUL et Vatsin’ankohonana. J’étais au bord de la dépression, mais j’ai réussi à m’en sortir et à m’épanouir : tous mes enfants vont à l’école, ils mangent à leur faim et de manière diététique, j’ai pu épargner assez pour pouvoir construire petit à petit une habitation décente pour ma petite famille ». L’ACTP quant à lui a permis d’améliorer la vie de 32 500 ménages. Les travaux de haute intensité de main-d’œuvre réalisés dans ce projet permettent notamment l’amélioration de la nutrition et l’aménagement par l’agro foresterie, ou encore la pisciculture ; les formations et mesures d’accompagnement permettant de créer des activités génératrices de revenus permettant à long terme, d’améliorer les finances et le bien-être familial des bénéficiaires. Isabelle, bénéficiaire de l’ACTP à Marofarihy témoigne : « Avant, j’avais du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois. Dès que j’ai intégré le programme ACTP, j’ai pu me former à la pisciculture de la carpe. Ecologique et productive, cette méthode a non seulement pu améliorer l’irrigation de nos rizières, mais en plus, elle m’a motivé à m’investir davantage dans l’éducation de mes enfants. Grâce aux bénéfices de ma pisciculture de carpe royale, j’ai pu m’acheter un nouveau bassin et ainsi étendre mes activités et mes revenus ». D’autres « success stories » à échelle humaine des filets sociaux de sécurité suivront dans nos prochaines éditions.
Luz Razafimbelo