Les Malgaches ont un trait de caractère qui fait leur originalité, aujourd’hui, dans un monde en pleine ébullition. Leur calme est devenu légendaire et ils restent stoïques dans un océan de difficultés. La hausse des prix du carburant a provoqué, les premiers jours, une véritable panique et on avait craint une réaction violente de la population. Mais la spirale de l’inflation a très vite anéanti son moral et la résignation s’est installée. Le mouvement de révolte a fait long feu et les citoyens préfèrent s’adapter même si cela est difficile.
La résignation de la population
Pour le moment, aucune véritable solution n’a été trouvée pour amoindrir les retombées d’une hausse qui se poursuit allégrement. Les Malgaches n’ont pas voulu retrouver le chaos des années de crise politique et pourtant, ils connaissent les pires difficultés dans leur vie quotidienne. On sent cependant qu’une lame de fond est en train de se former. Les interpellations faites par certains citoyens ne laissent personne indifférent, mais il y a un pas que la population ne veut pas franchir. La manifestation des habitants d’Itaosy est symptomatique, mais la situation ne s’est pas envenimée. C’est un événement qui n’est pas anodin et il montre que tout le monde a les nerfs à fleur de peau. Les responsables de la Jirama ont fait en sorte qu’il n’y ait plus de délestages et de coupures d’eau aussi longs. Les salariés de diverses entreprises sont en train de subir les conséquences de la crise. Les sociétés où ils travaillent ont vu leurs chiffres d’affaires baisser de façon drastique et demandent à l’État de les aider à surmonter leurs problèmes. Le pouvoir reste muet et semble même détourner les yeux. La population regarde tout cela avec un certain rictus de désespoir, mais il ne veut pas se laisser entraîner dans un mouvement qui peut se terminer dans le chaos. Cependant, on se demande jusqu’à quand cela continuera.
Patrice RABE
