A Ampefiloha, à « La Réunion Kely », les sinistrés sont revenus dans leurs petites cases, laissant les enfants au gymnase de l’ANS. Mais leur présence effraie les habitants, et perturbe leur quotidien.
Du riz, du savon, des grains secs, de l’huile et une marmite, made in Ambatolampy et pas n’importe laquelle. C’est en gros l’aide apportée par la Présidence aux sinistrés de « La Réunion Kely » à Ampefiloha, outre qu’on les a déplacés à l’ENS pour quelque temps, histoire de leur éviter de dormir dans des petites cases en sachet, alors qu’à chaque pluie, le canal Andriantany monte de quelques centimètres. Des aides d’urgence, certes, puisqu’en réalité, la seule solution est de les déplacer dans un autre site puisque de toute façon, la construction de la route longeant ce canal les obligera à céder leurs places. Une réalité qui risque d’entraîner des tensions, à en croire les riverains et ceux qui travaillent dans ce quartier. « On est très sceptique quant à ces personnes, car leur président a déjà affirmé qu’ils ne bougeraient de là que si on leur donnait des lopins de terre, des maisons et de quoi cultiver » rapporte une restauratrice à ciel ouvert qui vend du riz et des mets, à quelques centimètres du canal. « D’ailleurs, ces derniers ont revendu les marmites qu’on leur a données, à 6 000 ar parfois, alors que ça vaut plus » dit-elle.
Insécurité. Les sinistrés ont donc rejoint leurs maisonnées, à « La Réunion Kely », prétextant qu’ils ont peur qu’on leur vole leurs affaires. A l’ANS Ampefiloha, au gymnase couvert où on les a installés, il grouille des enfants. Ils s’amusent, à même le sol parce qu’il n’est pas prévu, apparemment, qu’il y ait des infrastructures plus confortables pour les accueillir. Et pas de souci d’intimité, tout le monde est logé ensemble dans le même grand site. Mais pour les petites communautés qui vivent dans cette enceinte, la présence de ces sinistrés les effraie. « Le soir, ils se rassemblent devant la buvette, là où se restaurent les élèves de l’internat. Et cela fait peur, on dirait qu’ils vont nous détrousser à tout moment », raconte la vendeuse de la buvette à l’ANS, non loin de la piscine. Hier, un des sinistrés, visiblement dans état d’ivresse avancé, est entré dans la buvette pour mendier auprès des clients. Ce dernier avait un couteau avec lui. « Nous ne nous sentons plus vraiment en sécurité, mais n’osons rien faire, car on a peur des représailles » confie-t-elle.
Anjara Rasoanaivo