L’autorisation accordée par le préfet aux députés TIM de tenir meeting au Magro Tanjombato doit être saluée par tous ceux qui veulent une démocratie sans heurt et sans violence. C’est la première fois à Madagascar qu’une manifestation de l’opposition peut se tenir sans être empêchée de manière arbitraire. Le pouvoir en sort grandi car il va laisser s’exprimer ceux dont le devoir est de l’interpeller pour lui rappeler ses insuffisances. En droit, on aurait dit que cela ferait jurisprudence et que dorénavant, les pratiques démocratiques seront respectées.
La victoire de la démocratie
Le pouvoir a manifesté depuis le début de la législature une défiance certaine vis-à-vis de l’opposition. Le régime règne sans partage à l’Assemblée et a tout fait pour obtenir un sénat totalement acquis à sa cause. La majorité installée à la Chambre basse ne manifeste aucun esprit critique et on a l’impression d’un parlement croupion. L’opposition n’a aucun statut et malgré toutes les demandes faites, elle ne peut exercer ses attributs. On aurait pu en rester là si la situation socioéconomique du pays ne s’était pas détériorée. Dans ce contexte, les interpellations faites par les membres de la société civile se sont multipliées, mais elles ne semblent pas avoir eu d’impact. L’opposition est, elle aussi, montée au créneau et depuis le début de l’année, a multiplié les remarques incisives. La décision des élus de Tana de venir faire leur rapport d’activité devant leurs électeurs, comme le leur permet la constitution, a tout de suite été considérée par le pouvoir comme une source de troubles. On sait ce qui s’est passé. La mobilisation de plusieurs centaines de militaires a nui à l’image du régime. Les parlementaires de l’opposition n’ont pas cessé de dire qu’ils entendaient respecter la loi. Les appels de nombreuses personnalités demandant un apaisement ont porté leurs fruits. La préfecture a donc accepté de laisser la manifestation se tenir. Toutes les conditions requises ont été respectées.
Patrice RABE