Ils étaient un peu moins d’une dizaine d’élus à être présents hier matin sur les bancs de l’Assemblée pour écouter le rapport de la ministre des Finances. Est-ce une manière pour l’écrasante majorité des députés de manifester leur défiance ou le peu d’intérêt qu’ils portent aux chiffres énumérés par la grande argentière? L’annonce faite la semaine dernière avant la montée à la tribune de l’Assemblée du Premier ministre, d’un refus de débat a nettement refroidi l’atmosphère dans une assemblée presque déserte. Aujourd’hui, cela accentue encore plus le manque d’intérêt d’une opinion lassée d’un monologue du pouvoir devant des travées vides.
L’absentéisme des députés
Le pouvoir ne semble nullement embarrassé de voir ses ministres faire leur rapport devant une assemblée disparate. Un certain nombre de députés avaient dit leur intention de poser de nombreuses questions aux membres du gouvernement lorsqu’ils monteraient à la tribune. Le bureau de l’Assemblée en a décidé autrement. Malgré les protestations de ceux qui étaient venus, rien n’y a fait. Ces derniers ont argué que, selon la constitution, les communications devaient être suivies de débats. Quelques-uns ont parlé de censure déguisée. Ils étaient une trentaine le premier jour. Ils n’étaient plus qu’une dizaine hier. Pourtant, les communications des intervenants, à savoir la ministre des Finances et celle de la Justice, revêtent une grande importance. Les 115 députés que compte cette Assemblée nationale ne semblent plus être en phase avec ce pouvoir qu’ils ne peuvent pas interpeller. Lors de cette session, un recadrage a été opéré. Le bureau permanent a édicté ses règles. Ils ont été appliqués à la lettre. Et l’on voit le résultat. L’écrasante majorité des élus ne veut pas rester les bras croisés à écouter des rapports qu’ils ne peuvent pas contester. La session n’est cependant pas terminée. Des projets de loi vont être présentés. La LFR sera au centre des débats dans les prochains jours et les travées de l’Assemblée seront moins vides.
Patrice RABE