Les petits animaux appelés « bandro », de leur nom scientifique « Hapalemur griseus alaotrensis » trouvent leur milieu naturel dans les forêts de roseaux. Ces espèces endémiques de Madagascar se trouvent aux alentours du lac Alaotra (725 000 hectares dont 43 000 hectares de roseaux), l’une des zones qui figurent dans la liste du site Ramsar. Ce site est actuellement menacé de danger avec les occupations illicites et les trafics de terrain à son insu. Des gens pratiquent la culture de riz sur le terrain moulant situé dans les forêts de roseaux, pourtant situé dans une aire protégée et les responsables régionaux ne font que croiser les bras face à la menace. Les « zetra » ou roseaux sont détruits afin de récupérer du terrain. Une situation qui n’est pas sans conséquence pour les « bandro » qui devraient à cet effet migrer vers d’autres zones. Selon Durell, un organisme qui veille sur l’évolution des situations sur place, cette pratique s’est commencée vers la fin de l’année 2012. Elle a pris de l’ampleur depuis, et aussi étrange que cela ne puisse paraître, l’accaparement du terrain est devenu comme… normalisé. De Vohitraivo à Andilamena, une simple affiche fait office de partage de terrain. Il faut une petite virée en pirogue pour pénétrer dans les forêts de roseau. Sur place, le constat est amer : les roseaux servent juste de façade puisqu’à l’intérieur, tout est rasé et devenu une rizière. Quelques gens essaient de militer tant bien que mal pour vaincre au phénomène mais à la longue, ils préfèrent se taire puisqu’à chaque tentative, leur famille est menacée de mort et leur cabane brûlée. Dans une localité située au district d’Andilamena, un certain Rajaofetra est l’instigateur du partage illicite. Le 12 juin et 17 juillet dernier, il a mobilisé la communauté pour s’y faire. La démarche est simple : chacun s’emmène dans les forêts et trace son terrain, et le tour est joué ! Les forces de l’ordre ne cachent pas leur découragement à intervenir dans l’affaire. La raison est qu’en 2013, ils ont arrêté 25 occupants illicites et une fois traduits devant la justice, ces derniers ont été relâchés. On laisse les gens pénétrer dans le site protégé et nos enquêtes ont montré que des bailleurs de fonds sont derrière. Ils tirent de l’intérêt, du grand intérêt, sur la production de riz sur la zone s’étalant sur des milliers d’hectares. A l’allure où vont les choses, les « bandro » doivent toujours quitter leur habitat naturel pour un autre. Mais leur frontière est limitée et une fois qu’ils atteignent cette limite, il n’y a plus rien à espérer que leur disparition…
D.R
Reportage réalisé avec la collaboration de Conservation International (fonds Usaid), AJE, RFDIM.