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mardi, mai 13, 2025
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L’Administrateur délégué de la Jirama s’explique sur les causes du délestage

L’Administrateur délégué de la Jirama lance un appel au calme.

Lanto Rasoloelison. Trois semaines après sa nomination en conseil des ministres, l’Administrateur délégué de la Jirama a fait hier devant quelques journalistes, la …lumière sur les délestages, tout en admettant les défaillances de la compagnie nationale de l’eau et de l’électricité et en reconnaissant la lassitude de la population. Interview.

Midi : Un mois, enfin presque, après votre nomination, la population est toujours dans le …noir

Lanto Rasoloelison : « La nouvelle équipe a commencé par un grand assainissement à l’intérieur de la Jirama car notre mission est de remettre la compagnie nationale sur les rails du redressement. Une restructuration interne qui rime avec bonne gouvernance. Il est temps de mettre fin à l’immobilisme, aux magouilles et autres manigances dans l’intérêt commun de la Jirama et de ses clients ».

Midi : Votre mission ne s’annonce-t-elle pas difficile voire impossible ?

L.R. : « C’est une mission difficile mais je ne suis pas du genre à renoncer facilement. Je suis animé par la vérité et ma foi pour la mener à bien avec pour maître-mots l’intégrité et la transparence qui doivent être appliqués stricto-sensu pour sortir la Jirama de sa situation actuelle. Ma mission, en tant qu’Administrateur délégué entre dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’Amélioration de la Gouvernance et de l’Opération du Secteur de l’Electricité (PAGOSE) financé par la Banque Mondiale, est de mener à son terme le processus de restructuration de la Jirama. Dans cette optique, on va procéder au recrutement du Directeur général, des DG adjoints, des directeurs… Bref, de ceux qui seront appelés à occuper des postes stratégiques au sein de la compagnie ».

Midi : Les manifestations contre le délestage se multiplient ces derniers temps.

L.R. : « La Jirama reconnait sans réserve que pour l’heure, elle n’est pas à même de répondre aux besoins de ses abonnés. Nous admettons avec humilité l’incapacité de la compagnie à fournir de l’eau et de l’électricité en qualité et en quantité suffisantes. Les manifestations que vous venez d’évoquer illustrent le ras-le-bol de la population. Nous appelons néanmoins au calme pour que nous puissions avancer avec des solutions tangibles. La Jirama a été mandatée par l’Etat pour approvisionner les localités où elle est présente, mais les responsabilités sont communes. Consciente des désagréments vécus par la population, l’équipe de la Jirama s’efforce de trouver activement des solutions concrètes et réalistes ».

Midi : Quelles solutions concrètes ?

L.R. : « Les centrales thermiques subiront des modifications pour qu’elles puissent fonctionner au fuel-lourd. Dès la fin de ce mois, 10 mW seront disponibles auprès de la centrale de Mandroseza. Cela va être suivi par des productions additionnelles dont 40 mW pour celle d’Ambohimanambola et 60mW de plus pour la centrale d’Ambohimanambola II, au mois d’avril. Ces 110 mW devraient combler le déficit actuel pour le Réseau Interconnecté d’Antananarivo. Ces changements seront opérés à Tana et dans les zones où il sera techniquement possible de le faire. Cela permettrait également de mettre fin aux contrats opaques qui minent la Jirama. Parallèlement, depuis décembre, treize opérations de pluies artificielles ont été menées selon les possibilités météorologiques, mais encore sans succès sur Andekaleka. En ce qui concerne les délestages tournants, nous mettons en place un programme fixe de délestage pour les zones. Ainsi, les consommateurs sauront par avance quelles zones seront touchées pour qu’ils puissent prendre leurs dispositions.

Midi : Quelles sont les causes de ces délestages tournants?

L.R. : « Une série de facteurs a conduit à ce déficit énergétique actuel. La pluviométrie est très faible, ce qui est la résultante d’une politique environnementale défaillante et de pratiques fâcheusement néfastes pour l’environnement depuis des années. Les centrales hydroélectriques ne fonctionnent plus qu’à 40 à 45% de leurs capacités. Sur le volet technique, les pertes sont colossales. Sans oublier la vétusté des infrastructures de la Jirama. Les pertes liées au transport de l’électricité atteignent 35% alors que le seuil international toléré est de 15%. En plus de cela, il y a les pertes dites « non techniques » –  généralement dues aux vols de courant –  qui représentent 15% de l’énergie produite. Même si toutes les centrales thermiques fonctionnent à 100%, il y a toujours un gap d’environ 60 mW qui est la cause du délestage ».

Midi : Quelle est aujourd’hui la situation financière de la Jirama ? 

L.R. : « Sur le plan financier, la situation est catastrophique. Les capitaux propres devenus négatifs s’élèvent à près de 750 milliards d’ariary soit près de 12 fois son capital. Si l’Etat n’était pas intervenu, la compagnie aurait été mise en liquidation depuis bien longtemps. Nous avons hérité d’une situation qui prévaut depuis des décennies. Les derniers grands travaux hydroélectriques remontent dans les années 80 par la construction du barrage hydroélectrique d’Andekaleka. Depuis, il n’y a eu aucune politique d’Etat mise en œuvre pour anticiper les demandes et les besoins énergétiques. En 2010, une décision politique a réduit de 15% les prix facturés par la Jirama. Or les textes stipulent que le coût doit être révisé deux fois à la hausse annuellement. Globalement, depuis 2008, le prix facturé aux consommateurs n’a quasiment pas été révisé qu’une seule fois. Si l’on combine avec les autres facteurs économiques exogènes : hausse des prix du carburant, dévaluation de l’ariary, inflation…  le gouffre financier n’est pas pour étonner. La Jirama traverse actuellement l’une des pires crises de son histoire. Mais nous allons nous atteler à la tâche. La compagnie nationale doit dorénavant adopter l’orthodoxie et être bien gérée comme une société commerciale : faire des profits, maitriser ses coûts et assurer les services demandés. A ce propos, je lance un message de fermeté : ceux qui ont des dettes auprès de la Jirama seront identifiés et ils devront tous payer sans distinction. Les responsables des vols doivent être également identifiés et traduits en justice. Pour ce faire, nous sollicitons le concours des citoyens. Il s’agit de stopper l’hémorragie et d’assurer le recouvrement. Seulement, 60% des factures sont recouvrées. Les 35% restants contribuent aux pertes ».

Midi : La Jirama arrivera-t-elle à sortir de ce gouffre ?

L.R. : « Notre objectif est de parvenir à l’équilibre opérationnel en 2020. Cela signifie que le coût de revente de l’électricité et/ou de l’eau doit au moins couvrir les frais opérationnels. Aujourd’hui, le kilowattheure est vendu à perte. Le prix moyen à Antananarivo est de 240 ariary par kW alors que le coût de revient est de 750 ariary. Il faut procéder coûte que coûte à l’équilibre opérationnel. Ce qui suppose une augmentation des tarifs et la maîtrise des coûts. La transition vers l’énergie verte est incontournable pour qu’on ne broie plus du …noir ».

Propos recueillis par R.O

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