Le cyclone Enawo et les dégâts qu’il a occasionnés ont marqué les esprits. Mais ils n’ont pas pour autant fait oublier tous les problèmes qui existaient avant cette calamité. Le plus proche et le plus grave reste cette affaire d’Antsakabary qui entache gravement l’image du régime. Les atrocités commises par les forces de police envoyées sur place sont dénoncées par les populations locales et par les organisations de défense des droits de l’Homme.
L’affaire Antsakabary,
un boulet pour le régime
Le régime s’est, depuis le début de cette affaire, muré dans un silence embarrassé. Il a déclaré avoir envoyé une commission d’enquête sur place. Seules des personnes accusées d’avoir trempé dans le meurtre des deux policiers ont été arrêtées, mais aucune information n’a été donnée sur les auteurs de l’incendie des villages. Les langues pourtant se sont déliées et les témoignages mettent à mal le scénario invraisemblable présenté par la hiérarchie policière. Les conclusions de l’enquête du CNDIH sont accablantes et mettent en cause les forces de l’ordre. Le limogeage de l’ancien ministre de la Sécurité publique et du D.G. de la Police nationale ne fait que déplacer le problème car il n’exonère pas les autorités au plus haut niveau de leur responsabilité. A l’extérieur, l’image du pouvoir en place est aujourd’hui ternie et les médias internationaux qui, auparavant, n’y prêtaient pas particulièrement attention, commencent à pointer du doigt ce qu’ils appellent des dérives. L’opinion qui semblait avoir adopté une certaine indifférence vis-à-vis de ce drame commence à s’émouvoir du manque de réaction des autorités devant les preuves avancées. Une juriste éminente appelle aujourd’hui à la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale. Cette affaire d’Antsakabary s’ajoute à beaucoup d’autres moins voyantes que le pouvoir en place avait purement et simplement classées. On ne peut pas aujourd’hui faire pression sur les populations pour les faire taire car les images ont fait le tour de toutes les agences de presse. Maintenant, cette affaire est un véritable boulet dont le régime ne peut pas se débarrasser.
Patrice RABE