
L’onde de choc provoquée par l’enquête visant l’homme d’affaires malgache, Mamy Ravatomanga, continue de se propager à l’île Maurice. Après le départ retentissant du commissaire de la Financial Crimes Commission (FCC), Me Junaid Haroon Fakim, d’autres figures influentes du milieu économique mauricien ont, à leur tour, choisi de quitter leurs fonctions. Le premier coup de tonnerre est survenu le 25 octobre dernier, lorsque le commissaire de la FCC, Me Junaid Haroon Fakim, a remis sa démission officielle au président de la République mauricienne. Si le communiqué de l’institution évoque des « raisons personnelles », plusieurs médias de Port-Louis rapportent que cette décision serait intervenue dans un climat de fortes tensions internes, sur fond d’allégations de contacts avec des proches de Mamy Ravatomanga. Le désormais ex-commissaire était chargé de superviser les enquêtes sur de vastes transferts financiers estimés à plusieurs milliards de roupies mauriciennes. Quelques heures plus tard, c’est un autre nom connu du secteur privé mauricien, Gilbert Noël, qui annonçait sa démission de plusieurs conseils d’administration, dont ceux d’Airport Holdings Ltd (AHL), Mauritius Helicopter Ltd (MHL) et Jet Prime Ltd. Dans une lettre adressée à ses collègues, l’homme d’affaires a dénoncé « une campagne médiatique négative » le visant directement, tout en affirmant vouloir « préserver la sérénité des entreprises concernées ».

Selon des sources proches du dossier, ces départs s’inscrivent dans un contexte de pressions accrues autour des sociétés ayant eu des liens d’affaires ou des opérations connexes avec le réseau d’investissements mauriciens et malgaches sous enquête. Du côté de Mamy Ravatomanga, les avocats mauriciens, dont Me Siddhartha Hawaldar, se montrent prudents. Ils confirment que leur client « collabore pleinement avec les autorités mauriciennes », tout en dénonçant un « emballement médiatique » autour d’une procédure encore en cours. Les avoirs de plusieurs sociétés affiliées à l’homme d’affaires malgache auraient été gelés dans l’attente de clarifications sur l’origine de certains fonds transférés vers Maurice. Ces démissions successives illustrent l’ampleur du séisme institutionnel que traverse actuellement Port-Louis. À Maurice comme à Antananarivo, les observateurs et acteurs économiques suivent de près les développements d’un dossier aux ramifications régionales. Les autorités mauriciennes, par la voix du ministère de la Bonne Gouvernance, ont réaffirmé leur « engagement total à faire toute la lumière sur cette affaire», tandis qu’à Madagascar, les proches de Ravatomanga dénoncent « une cabale politique orchestrée à l’étranger ». La saga Ravatomanga, entre finance, pouvoir et influence, semble encore loin de son épilogue et fait l’effet d’une tempête politico-financière.
D.R


