Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana sont sans conteste des adversaires politiques mais tous les deux acceptent la réconciliation nationale conduite par le FFKM. Les chefs d’église comptent mener le processus dans le cadre des quatre «F» (repentance, mea culpa, vérité, réconciliation). Ils sont déterminés depuis longtemps dans l’organisation d’un sommet des anciens présidents de la République et du président de la transition. Il ne semble plus y avoir d’obstacles aujourd’hui à la tenue d’un tel sommet dans la mesure où l’Amiral Didier Ratsiraka et le Pr Zafy Albert se reconnaissent aussi dans la médiation du FFKM. La seule question qui taraude les esprits est l’octroi ou pas d’une autorisation à Marc Ravalomanana détenu à Antsiranana pour y participer.
Langage nostalgique
Les deux rivaux politiques tiennent curieusement le même langage de nostalgie du pouvoir. De retour de l’étranger, l’un et l’autre pointent leurs doigts sur les difficultés et l’immense pauvreté comme s’ils n’avaient aucun compte à rendre. Ils se voient de nouveau indispensables pour sortir le pays de l’impasse. Une chose est sûre, en devenant président de la République, Hery Rajaonarimampianina a hérité d’eux un pays exsangue et à l’agonie. L’heure n’est plus aux coups d’Etat avec ses effets négatifs. Le retour à l’ordre constitutionnel et à la démocratie nourrit dans le public l’espoir de remonter la pente. Pour un lendemain meilleur, le Premier ministre n’écarte pas l’idée d’un remaniement prochainement pour renforcer l’efficacité de son gouvernement. Le progrès est lent mais les défis sont relevés pas à pas. Sommet à quatre ou à cinq ? Les quatre anciens sont partants. Le FFKM pourrait très bien commencer par eux. Mais un sommet à cinq, en revanche, ne semble pas encore acquis. Le cinquième participant souhaité, le président de la République Hery Rajaonarimampianina ne s’est pas encore prononcé sur ce point. Ses représentants ne voient pas la nécessité de sa présence dans les premières étapes du processus FFKM car il n’est pas impliqué dans les crises politiques récurrentes dans ce pays. Hery Rajaonarimampianina pense atteindre les objectifs fixés en prenant la tête de la réconciliation nationale. Ce qui est ceratin c’est que le président de la République a donné plus de latitude au FFKM pour ses initiatives de réconciliation. Ce qui ne fut pas le cas pendant la période de transition où les dirigeants ont toujours cherché à faire avorter les sommets à quatre projetés par le FFKM. Marc Ravalomanana n’a jamais pu quitter l’Afrique du Sud et rentrer au pays pour être présent au rendez-vous. La donne a complètement changé aujourd’hui. L’ancien exilé d’Afrique du Sud est sur place bien que maintenu en résidence surveillée. Le président de la Transition accepte le FFKM. Le président de la République Hery Rajaonarimampianina est favorable à la réconciliation et à l’Etat de droit. Les conditions ne sont-elles pas remplies pour aller de l’avant ?
Zo Rakotoseheno