
« Aterneto » pour « Internet », « Korisarisa » pour « souris » (outil informatique), la langue malgache possède un charme assez particulier. Chaque année, de nouveaux mots entrent dans le dictionnaire, beaucoup sont méconnus de l’usage quotidien.
Lentement mais sûrement, le vocabulaire malgache s’enrichit. Chaque année, l’Académie malgache de Tsimbazaza sort des dizaines de nouveaux mots tout aussi utiles que discutés dans le milieu des utilisateurs invétérés de la langue nationale. « Jusqu’ici, ces nouveaux mots ne sont, en partie, pas utilisés dans le quotidien de la société, ils sont seulement établis comme des résultats de recherches », fait savoir Hyancinthe Rakotomalala, un orateur traditionnel. Effectivement, quelques mots nouveaux introduits dans le vocabulaire « officiel » national peuvent parfois laisser perplexe. En 2024 par exemple, « occasion » a été traduite par « tranga fanararaotra », quelque peu délicat à utiliser dans certaines circonstances dramatiques. D’autres démontrent de l’efficacité pratique de la langue malgache, « spam » a été traduit par « maila-pako ». Ou encore, « maquette » par « sary lasitra ». La beauté de cette langue reste sa faculté à faire appel aux représentations imagées. « Quand nous faisons des kabary, parfois quand nous utilisons ces mots nouveaux, on traduit d’abord en français pour aider les gens à comprendre leur signification. Pour moi, la langue malgache suffit amplement à l’époque actuelle », ajoute Hyancinthe Rakotomalala. Au niveau de l’Académie malgache, c’est le « Foibe momba ny teny », section des sciences de l’art et du langage, qui s’occupe de trouver et décréter les nouveaux mots. « Il y a des spécialistes, des terminologues. A eux de trouver si ces mots sont déjà utilisés dans des milieux spécifiques… ». Ces propos de Nalisoa Ravalitera, président de cette section, rappellent aussi que la langue malgache est une langue bien vivante et à la mesure de son époque. Par ailleurs, il n’y a pas de nombres de mots précis à sortir chaque année. « Nous parlons de création, voilà pourquoi les mots malgaches sont plutôt plus sémantiques que littérales » dans la nomination des choses, conclut le président du « Foibe momba ny teny ».
Maminirina Rado